Le déficit de la balance commerciale enregistré au terme des huit premiers mois de cette année a atteint plus de 10 milliards de dinars.
Ce chiffre veut dire que:
1- En huit mois, nos importations ont dépassé nos exportations de plus de 10 milliards de dinars, soit une aggravation de plus de 22% par rapport à la même période de l’année dernière.
2- Si nous continuons à ce rythme, le déficit dépasserait les 15 milliards de dinars à la fin de cette année, soit plus de 15% du PIB. Un niveau jamais atteint dans l’histoire de la Tunisie, un record absolu.
3- Ce déficit est enregistré alors que l’économie ne génère aucune croissance significative. Ceci veut dire que nos importations qui augmentent à un rythme de plus de 20% par an concernent pour l’essentiel des produits alimentaires, des hydrocarbures et des biens de consommation non essentiels. Il ne s’agit donc pas, pour l’essentiel, d’importations de matières premières ou de biens d’équipement qui génèrent de la croissance économique.
4- Ce déficit doit être évidemment réglé en devises. Il faut donc contracter des crédits extérieurs pour financer un déficit composé pour l’essentiel de produits de consommation ou de produits non essentiels. La Tunisie vit donc à crédit. La Tunisie importe des produits alimentaires en les finançant à crédit. La Tunisie fonctionne pour enrichir d’autres pays.
5- Deux pays, la Chine et la Turquie, représentent à eux seuls plus de la moitié du déficit. Les intérêts de la Tunisie sont-ils véritablement gérés.
6- La notation souveraine de la Tunisie dégringole. Les réserves de change sont en train de fondre et elles sont alimentées essentiellement par des crédits extérieurs. Le dinar poursuit sa chute vertigineuse. Le déficit de la balance commerciale y est pour beaucoup.
7- Aucune mesure sérieuse ne semble être prise ni pour redresser nos exportations ni pour freiner un tant soit peu nos importations. Les mesures de sauvegarde ne sont pas actionnées. Les conventions réglementant nos échanges avec certains pays ne sont pas revues. Les intérêts de la Tunisie sont-ils gérés? C’est dire que les solutions pour redresser la situation ne manquent pas. Cependant, y a-t-il une volonté de le faire?
8- Avec sa notation souveraine, la Tunisie aura beaucoup de mal à continuer à emprunter à l’extérieur. Comment donc allons-nous continuer à honorer nos engagements extérieurs?
L’économie et les finances tunisiennes s’enfoncent dans des difficultés majeures. Mais qui s’en préoccupe!
Un commentaire d’Ezzedine Saïdane