Après le recul de la Tunisie de 60 places à Davos, un recul jamais vécu par un autre pays de toute l’histoire du World Economic Forum, voilà que nous sommes contents d’avoir maintenu notre dégringolade à la même place entre l’année dernière et l’année 2017-2018.
Ce classement, qui évalue la compétitivité des pays illustrée par «l’ensemble des institutions, des politiques et des facteurs qui déterminent le niveau de productivité», ne nous a pas gâtés. Par ce maintien, les «évaluateurs» de Davos reconfirment le recul douloureux de notre pays. Ils prouvent qu’il n’y a pas eu d’améliorations notables au niveau de la majorité des indicateurs socioéconomiques, qu’il s’agisse de gouvernance, de transparence, d’allègements des procédures administratives, de productivité, de capacité de l’Etat à gérer les crises successives, etc.
Et même si nous relevons un regain d’optimisme auprès des autorités économiques de notre pays qui considèrent que ce maintien «devrait constituer un plancher servant de départ pour ramener la compétitivité de notre économie à un niveau favorisant le regain de confiance et l’attractivité des investissements», nous ne devons pas nous voiler la face. La Tunisie souffre encore d’un déficit d’Etat au sein des administrations, de la maîtrise des mouvements sociaux et même du respect des lois.
Les acteurs politiques et économiques -à commencer par le président de la République en passant par le chef du gouvernement, les partenaires sociaux (UGTT, UTICA) jusqu’aux autres syndicats patronaux et ceux des travailleurs- ont la lourde responsabilité de remettre les choses dans l’ordre. Ceux qui occupent les postes de décision ont la responsabilité de sauver le pays en décidant et en prenant de la hauteur par rapport aux intérêts égoïstes et à la guerre des égos.
Par ailleurs, le fait que les IDE ont progressé ou que les recettes du tourisme ont augmenté nous offre un peu d’espoir, mais il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Il ne faut surtout pas oublier la dévaluation du dinar depuis 2010 (de 61%) et dont le rapport avec le dollar dans le cadre du projet du Budget de l’Etat pour 2018 est de 2,6 dinars tunisiens pour 1 $, et donc pas loin de la projection faite par Ezzeddine Saïdane, à savoir qu’en 2018, pour acheter un euro, il faudrait 3,200 DT!
Voir la vie en rose, c’est magnifique, vouloir arrondir les angles est légitime mais il est encore mieux de reconnaître ses défaillances, d’avoir la vision et de mettre en œuvre une stratégie efficace illustrée par des décisions concrètes pour réussir à sauver le pays.
A ce jour, nous ne savons pas qui est la partie qui gère et qui décide réellement de la chose économique dans notre pays. Et c’est cela qui est plus inquiétant.
A.B.A