La bureaucratie bloque l’investissement. La corruption et le marché parallèle assèchent les ressources de l’Etat et deviennent des moyens de transferts sociaux. Ce qui, selon Walid Belhaj Amor, explique que la Tunisie ne progresse pas au Classement de l’Indice mondial de la compétitivité, élaboré par le Forum de Davos.
La Tunisie se maintient à la 95ème place du classement de l’Indice mondial de la compétitivité. On en sauterait –presque- de joie tant la Tunisie n’a cessé de dégringoler à cet hit-parade depuis 2011 au point de perdre 63 places en cinq ans, rappelle Majdi Hassen, directeur exécutif de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), lors de la présentation du Rapport de Davos sur la compétitivité. Le maintien de la Tunisie à la 95ème place signifie que les problèmes et les faiblesses que le pays traîne depuis des dizaines d’années –et qui lui valent ce classement- sont toujours là quand ils ne se sont pas aggravés, notamment depuis 2011.
D’ailleurs, à y regarder de plus près, on réalise qu’il n’y a pas trop de quoi se réjouir. Car s’il est vrai que 7 des 12 piliers entrant dans l’élaboration de l’Indice mondial de la compétitivité (infrastructure, santé & éducation, enseignement supérieur et formation, efficience du marché des biens, marché financier, sophistication des affaires et innovation) se sont améliorés et qu’un autre (taille du marché) a stagné, 4 se sont dégradés et, parfois, de manière notable : institutions et efficience du marché de l’emploi (-2), maturité technologique (-5) et environnement macro-économique (-10).
«Nous sommes à un niveau médiocre. Malheureusement, nous nous retrouvons chaque année avec la même situation et avec les mêmes commentaires. D’une année à l’autre, nous ne constatons pas d’avancée sensible, à quelque niveau ou quelque critère que ce soit», observe Walid Belhaj Amor, vice-président de l’IACE, chargé des centres et des opérations. Qui ne s’en étonne guère. «Le résultat ne surprend pas du moment qu’on connaît les déterminants conduisant à ce classement. Et que, connaissant la politique économique du pays, on sait qu’il n’y a pas de raison pour que les choses changement», souligne le vice-président de l’IACE.
Le plus inquiétant apparaît lorsque le rapport de Davos sur la compétitivité affine l’analyse pour jeter une lumière crue sur «les plus problématiques facteurs pour la conduite des affaires».
Ces facteurs sont au nombre de 14, mais trois figurent très loin en haut du classement : une «bureaucratie gouvernementale inefficiente», la corruption et l’instabilité politique. «La bureaucratie bloque l’investissement. La corruption et le marché parallèle assèchent les ressources de l’Etat et deviennent des moyens de transferts sociaux. Pendant ce temps-là, le secteur formel se meurt, d’autant que, n’ayant pas de ressources, l’Etat augmente la pression fiscale. Et, de cette façon, détruit l’économie en poussant le secteur formel à aller vers l’informel», regrette Walid Belhaj Amor.