Trop c’est trop. La Confédération générale tunisienne du travail (CGTT) n’en peut plus d’être discriminée au profit de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).
Son fondateur et secrétaire général, Habib Guiza, l’a clamé haut et fort, jeudi 28 septembre 2017, près de deux semaines après la grève de trois jours observée par les agents de la justice affiliés à la CGTT.
Motif de la colère : un communiqué du ministère de la Justice dans lequel ce département a réitéré son «souci de respecter les obligations légales et de négocier avec la partie syndicale la plus représentative des agents de la justice et de tribunaux». Une formule qui désigne l’UGTT et suscite à chaque fois la colère des dirigeants de la CGTT.
«Nous avons été choqués par le communiqué du ministère de la Justice, alors que nous n’attendions que du bien du ministre», déclare M. Guiza. Pour qui l’expression «organisation la plus représentative n’existe pas dans la loi tunisienne. L’article 38 du Code du travail parle des organisations représentatives. C’est là un mensonge qui doit s’arrêter».
S’il est un peu déçu par la position prise par le ministre de la Justice, le secrétaire général de la CGTT en veut à mort au celui des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, qu’il prend pour l’«auteur» et le responsable de la «théorie» de l’«organisation syndicale la représentative».
Continuant sur la ligne de conduite dure à l’égard de M. Trabelsi qu’il a adoptée depuis quelques mois, Habib Guiza lui reproche de ne pas être neutre et d’être «incompétent». Pour lui, si «le chef du gouvernement compte sur son ministre des Affaires sociales pour régler des problèmes, il se trompe», car ce dernier «ne résoudra rien. Je sais de quoi je parle puisque je suis syndicaliste depuis plus de 40 ans».
«Nous pouvons bloquer et rendre caduc tout ce que fait le ministre des Affaires sociales, notamment les conventions qu’il signe. Mais nous sommes responsables et nous ne voulons pas entraver les affaires des travailleurs», explique M. Guiza.
Mais ayant désespéré du ministre des Affaires sociales, le secrétaire général de la CGTT en appelle à d’autres représentants de l’Etat afin que ceux-ci traduise dans les faits les dispositions de la loi instaurant le pluralisme syndical». Une loi que l’Etat reconnaît mais n’applique pas et nous faisons assumer la responsabilité de cela au président de la République garant du respect des lois», observe M. Guiza.
Le secrétaire général de la CGTT en appelle d’abord au ministre de la Justice qu’il «implore» de revenir sur la position qu’il a prise car «nous le considérons comme un homme de bien».
Le patron de la deuxième centrale syndicale du pays affirme, à l’adresse du chef du gouvernement et au président de la République, que la CGTT «ne supportera pas plus longtemps la situation actuelle» et «ne se taira pas».