Voilà un filon “Tasty“ qui peut servir de carte gagnante en soutien à une promotion internationale de la cuisine tunisienne. Ce serait un challenge de bon goût qu’il nous faut gagner. Attention à bien faire monter la mayonnaise et ne pas rater la recette.
Le pays vient de s’illustrer dans une compétition internationale gastronomique. Il s’agissait de faire preuve d’inventivité dans la recette du couscous. Le pays a déjà eu un appétissant antécédent. Les couscousseries du sud, en préparant le couscous géant, nous ont fait gagner une page de record dans le Guinness book. Et voilà, on remet le couvert, une nouvelle fois. Le commun des marmitons serait tenté de croire que l’épreuve semblait taillée sur mesure, pour nos cuisiniers. Erreur Chef! Le paradoxe ou le défi, en l’occurrence, est que le pays de la tradition du couscous n’avait pas assis une notoriété internationale en la matière. Quand bien même on jouait sur notre terrain, il fallait le conquérir ce trophée, pour prouver notre ancienneté. La partie n’était donc pas facile pour autant.
Les origines du couscous : Une paternité historique de la Tunisie
Notre rapport au couscous est légendaire. Même Bourguiba s’en est mêlé. A un moment de notre histoire, celui-ci a cherché à activer la construction du Maghreb. Et voilà que les deux pays sur les ailes, ont voulu rallier le projet. Pour des raisons historiques évidentes, Bourguiba voulait restreindre le projet au Maghreb central (Tunisie, Algérie et Maroc). Certainement pour plus de cohésion. Jean Daniel, surpris par son attitude, lui fait observer qu’il n’existe pas de frontière géographique précise, à cette région. Et sans s’étrangler, Bourguiba lui dit “Le Maghreb s’arrête là où finit le couscous“.
Et nous rajouterons que Bourguiba, même s’il ne l’a pas précisé, devait penser que la Tunisie était le berceau de ce plat, car c’est ici que les recettes berbères les plus diverses, dont le couscous, sont encore vivaces.
Mongi Loukil, célèbre opérateur dans le secteur touristique, avait organisé un dîner phénicien à la Villa Didon. Ce repas était reconstitué grâce au concours de chercheurs tunisiens. Le plat principal à ce dîner était le couscous, car cette recette fétiche était déjà dans les traditions culinaires distinguées de l’époque. Et d’ailleurs, la semoule, intrant principal du couscous, a été un moteur de notre économie. Les minotiers tunisiens constituaient un noyau industriel important. Nine Moatti, célèbre écrivaine tunisienne, est souvent revenue sur le patriotisme de cette catégorie de possédants pendant le mouvement de lutte nationale. Et il y a même eu une première marque industrielle avec le logo “Couscous, le drapeau“.
Le couscous, une gloire disputée en Méditerranée
On peut revenir sur certains faits de bouche à la gloire du couscous. Cette recette a bien été adoptée par les Français. La France est un terrain difficile car la gastronomie tricolore occupe la première marche du podium à l’échelle mondiale. Eh bien, le couscous a détrôné le célébrissime Bifteck frite, les gouteuses “cuisses de grenouilles“ pour devenir plat national, en France.
Jouant sur la nostalgie culinaire, du temps de la colonisation, le couscous de la marque Garbit était assorti du slogan “C’est bon comme là-bas, dis“, mâchouillé avec un accent pied noir.
Alentour au Maghreb, la compétition est trop vive. Et dans cette compétition relevée et à la sauce piquante, le Maroc a su jouer des fourchettes, en décrochant le titre de 4ème cuisine mondiale, en soutien à la notoriété de son tourisme.
Le couscous, porte-drapeau du tourisme, c’est possible
On a toujours souffert de la réputation, pénalisante et indue, d’un tourisme mono produit à cause de la prépondérance du balnéaire. On a tenté de lancer d’autres pistes de diversification. Certaines étaient bien inspirées. L’écologie et l’histoire étaient parmi les pistes favorites. Et jusque-là, on a régulièrement négligé le tourisme gastronomique.
Cette distinction internationale vient nous rappeler que nous avons une piste toute naturelle. La cuisine tunisienne est un filon resté inexploité. Le couscous a été piraté de partout.
On peut se consoler en se rappelant que la Chine s’est bien laissée déposséder de la recette de la pizza et des spaghettis. Mais voilà l’histoire nous a rendu justice. La Tunisie remonte sur le podium, avec panache. En prenant la tête du peloton de tous les pays compétiteurs. Elle dispose d’une palette extrêmement variée et savoureuse.
La pâtisserie tunisienne est sublime. Outre que les crus du pays sont dans leur grande majorité primés des vinalies les plus sévères. Engagés avec des vins de réputation mondiale, ils ont gagné des médailles d’or et d’argent. On s’étonne que le pays ne cherche pas à faire classer la cuisine tunisienne dans le patrimoine mondial.
En matière “d’image building“ à l’international, la cuisine est un élément déterminant. On nous disait que les enseignes internationales de nourriture ajoutent à la notoriété touristique d’un pays. Un restaurateur tunisien établi à l’avenu d’Afrique à El Menzah V a démenti cette prophétie. Sur la même artère se trouvent une enseigne américaine de grande réputation et une libanaise, tout à fait respectable. Et pourtant, c’est au comptoir du casse-croûte que la file d’attente est la plus longue. C’est pas facile à digérer, hein!