Améliorer l’employabilité des jeunes candidats à l’embauche faciliterait leur recrutement. Un coup de pouce, pragmatique, pour fluidifier le marché de l’emploi.
C’est à l’IACE que les Journées nationales de l’emploi ont pris leur quartier, les 19 et 20 septembre 2017. Cette initiative, coordonnée par l’IACE, émane du secteur privé. Ce dernier veut apporter sa contribution à booster l’emploi. Les pouvoirs publics ont apporté un vif soutien à cet événement. Le chef du gouvernement a fait parvenir un speach d’encouragement aux organisateurs. Il précise que ce qui se fait lors des Journées s’inscrit dans le cadre de son programme d’aide à la création d’emplois, dans le pays.
C’est le ministre de l’Emploi qui a inauguré les journées. En compagnie de Ahmed Bouzguenda, président de l’IACE, il a fait le tour des stands des entreprises participantes. D’une certaine façon, il prenait le pouls du marché de l’emploi. Et de plus, il s’assurait que les offres d’emploi affichées étaient bien réelles.
Pour sa part, l’IACE a mobilisé, à cette occasion, son réseau Toumouh Job Center* (TJC) et ses effectifs d’experts.
L’ingénierie du recrutement
Ahmed Bouzguenda explique, avec pédagogie, le rôle de TJC pour gérer les flux de recrutement. En résumé, on dira que TJC est là pour détecter ‘’The right man et the right job’’. Il faut rappeler qu’en ces temps de disette de l’emploi, les entreprises, à la moindre annonce de recrutement, reçoivent un déluge de demandes. Ce qui est inhibant. Alors TJC s’interpose, se mettant en front office et garantit le matching entre les deux intéressés.
D’une part, il aide l’entreprise à identifier son besoin en compétence et dresse le profil technique et comportemental recherché. De l’autre, il sélectionne les candidats compatibles. Cela fait gagner du temps aux uns et aux autres. Outre qu’il se charge de tout le process de recrutement y compris la demande d’emploi, l’entretien, etc. Et, cerise sur le gâteau, il assure le driving de la jeune recrue, durant les six premiers mois. La finalité ici est d’assurer l’atteinte rapide du niveau de performance requis.
Le renouveau dans la formation professionnelle
On a tout essayé ou presque en matière d’emplois assistés. De la subvention Amal -initiée par Said Aidi en avril 2011- à celle d’Al Karama de Youssef Chahed, et l’embauche ne décolle toujours pas, malgré un léger mieux. L’approche de TJC suscite l’enthousiasme car elle est d’ordre homéopathique. Elle consiste à améliorer l’employabilité. C’est bien le maître mot, reconnaît le ministre. Et toute l’approche de son plan d’action est focalisée sur cette délicate question de l’employabilité qui constitue l’échine dorsale de la réforme de la formation professionnelle qu’il entend mener.
D’ailleurs, il se propose d’activer les partenariats avec l’UE en la matière pour faire bouger les lignes. Et ce sont plusieurs milliers de stages de formations qui sont immédiatement disponibles. Dire qu’ils ont été indument négligés jusque-là. Sur les cinq dernières années, 1.400 candidats seulement en ont bénéficié.
La revalorisation du travail manuel, un gisement considérable
Le nouveau modèle de développement tarde à se mettre en place. L’investissement étant au plus bas, l’emploi progresse lentement. Alors le département ne peut que se rabattre sur les recettes pratiques pour desserrer les contraintes sur le marché du travail. La situation y est extrêmement tendue. La précarité fait des ravages. Le ministre soutient que 40% des déclarations CNSS portent sur des salaires qui sont inférieurs aux 2/3 du SMIG. Bien sûr en offrant de meilleures qualifications aux candidats à l’embauche, on peut exploiter des niches d’emploi de-ci de-là. Et chemin faisant, la formation professionnelle peut devenir une composante majeure de notre politique sociale. Parce qu’elle peut déboucher, comme le suggèrera Majdi Hassan, directeur exécutif de l’IACE, sur la formation alternée, à l’instar de ce qui se fait dans les économies les plus avancées et les plus dynamiques.
Rappelons que, pour l’instant, les 1.350 centres de formation professionnelle accueillent annuellement des promotions de 50.000 jeunes pour des qualifications diverses. C’est la moitié des flux de demandeurs additionnels annuels d’emploi. Ils jouent un rôle de brise-lame comme le reconnaît le ministre. Par conséquent, le plan de revalorisation du travail manuel, via une mise à niveau des centres, prend du relief. On sait qu’il ne constituerait pas, à lui tout seul, une politique de l’emploi. Cependant, il y a fort à parier qu’il contribuerait à détendre le marché de l’emploi et à rendre les métiers manuels fortement rémunérés.
*Le réseau Toumouh Job Center est présent dans trois gouvernorats pour l’instant (Kairouan, Sidi Bouzid et Gafsa). Le projet est financé par la coopération allemande (GIZ).