Le navire espagnol “Cantabria”, qui participe à l’opération “Sophia” de lutte contre le trafic de migrants en Méditerranée, a accosté, jeudi 5 courant, au port de La Goulette pour une escale de deux jours.
Cette première visite est, en effet, la deuxième de l’opération navale de l’Union européenne (UE) en Méditerranée, baptisée Eunavfor Med ou “Sophia”, opération à laquelle la Tunisie contribue en tant que partenaire aux côtés de 24 autres pays.
Dans un point de presse tenu à bord du bateau, l’ambassadeur de l’UE en Tunisie, Patrice Bergamini, a expliqué que cette opération militaire a été lancée le 18 mai 2015 par l’UE dans le cadre d’une solution globale au titre de la politique de sécurité et de défense commune pour lutter contre le trafic de migrants en Méditerranée.
Le contre-amiral Enrico Credendino, commandant de l’opération Sophia, a, pour sa part, précisé que le but de la mission est d’entreprendre des efforts systématiques en vue d’identifier, de capturer et de neutraliser les navires et les embarcations ainsi que les ressources utilisées ou soupçonnées d’être utilisées par des passeurs ou des trafiquants de migrants ou encore par des contrebandiers.
Credendino a affirmé que l’opération a, en outre, pour mission, la formation des gardes-côtes et marins libyens ainsi que le contrôle de l’embargo sur les armes en particulier en Libye. A ce propos, il a affirmé la saisie de plusieurs armes à bord d’embarcations clandestines.
Selon lui, l’opération Sophia s’est soldée, jusqu’à ce jour, par la saisie de 500 embarcations, le sauvetage de plus de 50.000 migrants et la formation de plus de 130 gardes-côtes libyens. “Nous sommes en train de former plus de 50 autres en Italie. Notre objectif est de former 500 gardes-côtes libyens avant la fin de 2018”. Il a ajouté que “le nombre de personnes décédées lors d’opérations de migration clandestine a régressé de 60% par rapport à la même période de l’année dernière”, affirmant que les autorités libyennes ont reçu de l’Union européenne 4 navires militaires en vue de les aider à protéger leurs côtes.
L’ambassadeur de l’UE en Tunisie a indiqué que des négociations ont lieu avec les autorités sécuritaires tunisiennes afin de former des gardes-côtes libyens en Tunisie en coopération avec des experts de l’UE. “La Tunisie est particulièrement bien placée pour nous aider. Au-delà de la langue et de sa connaissance particulière de la scène libyenne, elle dispose d’une expertise et d’un savoir-faire très utiles pour la réussite de l’opération Sophia”, a-t-il expliqué.
Initialement baptisée Eunavfor Med, l’opération européenne a pris le nom d’une petite fille dénommé Sophia, née le 24 août 2015 à bord d’une frégate allemande qui croisait alors en Méditerranée centrale dans le cadre de sa mission européenne.
Sophia est née d’une mère somalienne secourue avec 453 autres migrants débarqués le même jour au port de Tarente. Elle a reçu comme prénom le nom donné au navire allemand en l’honneur de la princesse de Prusse.
Comptant actuellement 25 pays, le nombre des pays participant à l’opération Sophia est appelé à augmenter, selon Bergamini. La conférence de presse a été suivie par une visite guidée du navire considéré comme bâtiment amiral pour les forces européennes navales. Il embarque, pour cette mission, un hélicoptère AB-212 modernisé ainsi qu’une équipe médicale, une salle de chirurgie bien équipée et liée, en temps réel, à l’hôpital militaire espagnol, et un groupe de fusiliers espagnols. Le navire a secouru jusqu’à aujourd’hui plus de 400 migrants. Il quittera le port de la Goulette samedi matin.