“Aujourd’hui, l’utilisation des pesticides est une nécessité pour répondre aux besoins en alimentation de la population en Tunisie, sauf que la rationalisation de leur utilisation est importante pour réduire leurs risques potentiels sur la santé de l’homme, l’environnement, le sol, l’air ainsi que la faune et la flore”. C’est ce qui ressort de la rencontre sur “l’utilisation des pesticides dans la production agricole entre l’efficacité économique et la santé humaine” tenue jeudi 12 octobre à Tunis.
“Plus de 50% des pesticides en Tunisie ne sont pas utilisés de manière rationnelle”, a indiqué Hamadi Dkhil, directeur à l’Agence nationale de contrôle sanitaire et environnemental des produits (ANCSEP), qui intervenait à cette rencontre organisée à l’initiative de l’Institut national de la consommation (INC).
Selon des études scientifiques, les pesticides cumulent des effets allergisants, neurotoxiques, cancérigènes, mutagènes, hormonaux e neurotoxiques. En Tunisie, les intoxications aigues dues aux pesticides occupent la 2ème place après celles dues aux médicaments, représentant 13,3% du total des intoxications par les produits chimiques.
Le responsable a relevé que son département a mis en place au cours de cette année, un plan de surveillance sur cinq ans, pour contrôler les résidus des pesticides qui se trouvent dans les produits agricoles, précisant qu’à la fin de 2017, l’ANCSEP publiera les résultats relatifs à la filière des céréales.
Et d’ajouter, un système de veille sur les dangers plausibles des pesticides sera également instauré, à travers la mise en place d’une plateforme regroupant toutes les données scientifiques relatives aux pesticides.
Dans le même contexte, Dkhil a fait savoir qu’un projet d’arrêté régissant les dispositions relatives aux limites maximales appliquées aux résidus des pesticides sera bientôt publié.
De son côté, Tarek Ben Jazia, président de l’INC, a précisé que les besoins en alimentation augmenteront, au cours des prochaines années, notamment avec l’accroissement de la population en Tunisie, soit 14,1 millions habitants à l’horizon de 2041, alors que la production agricole n’évolue que de 20%.
Selon BEn Jazia, les pesticides permettent d’assurer un rendement suffisant pour l’agriculteur, une régularité de l’approvisionnement en produits agricoles ainsi qu’une bonne qualité du produit, mais la rationalisation de leur utilisation demeure un impératif, afin de minimiser les résidus des pesticides dans certains produits agricoles.
Dans son intervention sur le rôle joué par le consommateur pour se prémunir des pesticides, Sawsen Majri, ingénieure principale à INC, a appelé les consommateurs à ne pas acheter les fruits et légumes endommagés, soulignant que les pêches, les pommes, les cerises, les nectarines, les tomates, les raisins et les laitues sont les plus exposés aux attaques d’insectes.
Les pesticides sont utiles et indispensables mais ils sont, aussi, une source de danger, en fonction de la dose, l’exposition, la vulnérabilité de la personne. Ces dangers peuvent être immédiats ou différés.
Dans le monde, l’OMS estime que les cas d’intoxication s’élèvent à 3 millions et près de 220 mille morts annuellement.