Selon nos informations, c’est au groupe italien Ansaldo Energia qu’est revenu le marché de la centrale électrique qui sera construite à Mornaguia (14 Km à l’ouest de Tunis). Le groupe a proposé un investissement de 359 MDT pour l’acquisition et l’installation de deux turbines à gaz.
D’une capacité de 300 mégawatts susceptible d’être doublée (c’est-à-dire 600 mégawatts), la centrale sera financée par deux crédits garantis par l’Etat tunisien d’un montant global de 663 MDT. Le premier (263 MDT) est accordé par le fonds saoudien du développement, tandis que le second (400 MDT) est fourni par la Banque islamique de développement (BID).
Péripéties d’un marché aux relents opaques
Pour mémoire, le marché de cette centrale a fait l’objet en 2016 d’un premier appel d’offres dont les résultats ont été rejetés par la Commission supérieure des marchés (CSM) en raison de soupçons de corruption relevés par des députés et des médias.
Effectivement, la direction générale de la STEG de l’époque (2015-2016) s’était entêtée, jusqu’à l’ultime minute, à défendre le dossier du candidat allemand Siemens qui avait proposé un investissement de 470 MDT pour la réalisation de la centrale de Mornaguia, alors que le candidat italien en lice, en l’occurrence le groupe italien Ansaldo Energia qui vient de remporter ce marché, avait proposé 350 MDT, soit une difference de 120 MDT, de quoi construire une nouvelle centrale.
La Ditrection générale de la STEG avait prétexté que Siemens répondait le mieux sur le plan technique au cahier des charges.
Soumis à l’approbation de la Commission supérieure des marchés (CSM), comme le stipule la loi, cette dernière a rejeté, purement et simplement les résultats de cet appel d’offres et demandé le lancement d’un autre et la révision du cahier des charges. Pour la Commission, l’écart entre les deux offres est énorme. Ses experts n’ont pas été convaincus des justificatifs techniques de la STEG.
Signe manifeste de la muvaise foi de la STEG, malgré le rejet des résulats de ce premier appel d’offres par la Commission supérieure des achats et du Conseil d’administration de la STEG, cette dernière avait proposé à la CSM une réduction de la proposition de Siemens. La Commission avait maintenu sa position de rejet.
Des surcoûts pas justifiés…
Aujiourd’hui, avec l’annonce des résulats de ce deuxième appel d’offres, les choses vont rentrer dans l’ordre, avec cette nuance de taille : la centrale de Mornaguia sera certes construite mais avec un retard de deux ans et des surcoûts générés par l’effondrement, depuis avril 2017, du dinar par rapport aux monnaies d’investissement et d’endettement (+15% par rapport au dollar et à l’euro).
Entre temps, les responsables de ces surcôuts et de cette mauvaise gouvernance qui prévaut dans cette boîte continuent à mener la dolce vita, sans être inquiétés.
De l’avis d’institutions d’appui et de contrôle crédibles, dont la Cour des comptes, l’Ordre des experts-comptables et l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), la STEG est l’exemple type d’entreprise publique non transparente et mal gérée.