Le Tribunal de première instance Sfax 2 a adopté le plan de redressement de Syphax Airlines élaboré par l’expert Nizar Barkia. Mais l’horizon de la compagnie aérienne fondée par Mohamed Frikha n’est pas pour autant dégagé. Car le député et son entreprise sont mis sur la défense par des membres de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) qui les accusent de corruption et de participation au transport de candidats au «Jihad» vers les théâtres de guerre. Accusations démenties par Syphax Airlines et son fondateur.
Deux ans après la cessation de son activité, le 30 juillet 2015, Syphax Airlines commence-t-elle à voir le bout du tunnel ? En tout cas, la compagnie aérienne fondée en 2011 par l’homme d’affaires Mohamed Frikha, et qui est entrée dans sa troisième année d’inactivité forcée, tient enfin le sésame devant –une condition nécessaire mais pas suffisante- lui permettre de reprendre son activité sur de nouvelles bases plus saines: le plan de redressement.
En effet, ce plan, élaboré par l’administrateur judiciaire Nizar Barkia, a été homologué le 12 juillet 2017 par le Tribunal de première instance de Sfax 2 et décidé la poursuite de l’activité de Syphax Airlines. Il stipule que l’entreprise devra effectuer plusieurs actions préalablement à son redémarrage –ou après- afin d’effacer les séquelles de l’échec de sa première expérience.
L’administrateur judiciaire et le juge chargé du contrôle des actes de redressement vont devoir superviser l’accomplissement par Syphax Airlines de diverses formalités et actes.
Syphax Airlines va devoir, d’abord, se réconcilier avec ses employés «en vue de leur reprise directement ou indirectement (chez la Compagnie Air Maghreb)». Cela devrait, selon le jugement du tribunal, permettre «le renouvellement de l’autorisation de navigation aérienne».
Ensuite, Syphax Airlines aura à affecter une partie du cash dégagé lors de la première année d’exploitation pour rembourser ses dettes à divers prestataires locaux (redevances de stationnement de deux avions aux aéroports de Sfax et de Monastir, location du siège aux Berges du Lac, location des locaux aux aéroports, location du local sis au centre commercial à l’hôtel Golden Tulipe Sfax, reliquat de la rémunération de l’ex-président directeur général de la société Hatem Chabchoub … ) -dont le montant global s’élève à 600 mille dinars environ- ou étrangers (Direction de l’Aviation Civile en France, Aéroports Paris-Alesia Aéroports de Paris ADP, Organisation Européenne pour la Sécurité de la Navigation Aérienne, EURONCONTROL et la Direction Fiscale Canadienne), «conformément à l’échéancier proposé par l’administrateur judiciaire». Et rembourser aux clients les billets qu’ils n’ont pas pu utiliser en raison de la suspension inopinée de son activité, ou leur en offrir de nouveaux.
De même, l’administrateur judiciaire et le juge vont devoir «veiller à la réinscription de la société SYPHAX AIRLINES dans le système IATA, de manière à lui permettre la récupération de son image de marque, le rétablissement de la confiance des parties prenantes et le renouvellement de l’autorisation de navigation aérienne après accomplissement des procédures requises à cet égard».
Enfin, le tandem est chargé d’«interdire à l’entreprise soumise au redressement, pendant la période d’observation, l’aliénation sans l’autorisation du juge commissaire, de ses biens, actifs et matériels nécessaires à la poursuite de son activité».
Bien exécuter ce plan de redressement constitue bien sûr un préalable à la reprise d’activité de Syphax Airlines. Mais, aujourd’hui, cela n’est guère suffisant. Car entre-temps, la compagnie aérienne va devoir rétablir sa crédibilité et son image un tant soit peu entamées par les graves accusations de corruption et de transport de candidats au «Jihad» vers la Syrie. Accusations proférées par des députés de Machrou Tounes -Leila Chettaoui, Sahbi Ben Fradj et Slah Bargaoui- et l’avocate Maya Ksouri, qualifiées de «mensonges» le 20 juillet 2017 par Mohamed Frikha, député et fondateur de Syphax Airlines. Et que cette dernière a décidé à son tour de contrecarrer en portant plainte contre le «quatuor» accusateur.