Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Chedly Ayari, a présidé, vendredi 20 octobre au siège de la BCT, une réunion de travail ayant pour thème “réflexion sur la réduction du cash (de-cashing) dans l’économie: Etat des lieux, enjeux et feuille de route”.
La réunion a regroupé les représentants de la présidence du gouvernement et des ministères concernés, ainsi que les parties prenantes des systèmes et moyens de paiements, en l’occurrence les représentants des banques (APTBEF), la Poste tunisienne, les douanes, les gestionnaires des systèmes de paiement, les opérateurs des télécoms, le patronat et l’Organisation de défense du consommateur (ODC).
Dans son intervention introductive, Ayari a précisé que cette action s’inscrit dans le cadre d’une stratégie nationale de promotion de l’inclusion financière, de la consolidation des ressources du système bancaire, d’une meilleure allocation des ressources financières, au profit de l’économie organisée et de la lutte contre les activités informelles et pratiques financières illicites, et ce “à travers la réduction du cash dans l’économie et le développement et la promotion des systèmes et moyens de paiements électroniques et de la finance digitale”.
A cet égard, le gouverneur de la BCT a insisté sur le rôle de l’institut d’émission et des opérateurs techniques et financiers pour entreprendre des actions urgentes concernant la rationalisation des paiements cash et l’optimisation des systèmes et moyens de paiements scripturaux. Toutefois, a-t-il ajouté, cette démarche n’est pas du seul ressort de l’autorité monétaire, mais se doit d’être appuyée par des réformes et actions à mener concernant le cadre légal et règlementaire, les politiques économiques et sécuritaires et l’ensemble du climat des affaires.
Une approche nationale, donc, qui s’articule autour de trois principaux axes :
- l’amélioration de l’écosystème des paiements existants,
- la promotion des moyens de paiements électroniques modernes,
- le développement de l’épargne et la consolidation des ressources du système financier et
- le renforcement de l’arsenal légal et réglementaire de lutte contre l’économie informelle.
Ainsi, et afin d’impulser le processus de “de-cashing”, il a été décidé au terme de cette réunion de lancer ; sous l’égide d’un comité de pilotage ; quatre commissions de réflexion à même de préparer une feuille de route portant sur les mesures et actions concrètes adossées à un calendrier de mise en œuvre des recommandations.
Le Comité de pilotage des Paiements aura pour rôle la Coordination et le suivi du plan d’action global de “de-cashing”. Il sera présidé par la BCT et composé des représentants des principales autorités de tutelle et des opérateurs techniques et financiers.
Quant aux quatre commissions, elles se présenteront comme suit :
- Une Commission d’optimisation des paiements électroniques existants, qui se penchera notamment, sur la révision des termes et conditions, procédures et tarifs des paiements électroniques, l’amélioration de la qualité et la disponibilité des services de paiement et de la distribution des moyens de paiement.
- Une Commission de développement des moyens des paiements aura pour rôle la mise en place d’un plan d’action, visant l’extension du domaine des paiements électroniques. Son action aura pour objectif la diffusion et la généralisation des terminaux de paiement électronique (TPE) et des autres points de paiements électroniques dans tous les points de vente de biens et services des organismes publics et du secteur privé.
- Une Commission de mise à niveau de la digitalisation des services financiers: elle œuvrera à étendre l’utilisation des services financiers mobiles (SFM) pour en faire un outil de paiement varié reposant sur une vaste affiliation d’opérateurs publics et privés.
Elle se penchera, également, sur le sujet de l’interopérabilité qui doit être fonctionnelle sur les plans technologique et commercial. - Une Commission d’orientation sur le rôle de l’Etat dans la promotion d’une culture financière qui favorise le “de-cashing” par l’exigence du règlement de certains biens et services publics ou les paiements par l’Administration via les moyens électroniques.
Par ailleurs, une réflexion sera lancée prochainement sur la “crypto-monnaie” visant à mettre en place une stratégie nationale et arrêter les choix qui s’imposent vis-à-vis de ce moyen de paiement d’avenir.