Le projet du budget de l’Etat pour l’exercice 2018 propose une augmentation des prix des hydrocarbures et de la tarification de l’électricité et du gaz, dans l’objectif de limiter le déficit du budget de subvention aux alentours de 1,500 milliard de dinars en 2018, contre 1,550 milliard de dinars en 2017.
Ces hausses permettront de mobiliser des ressources additionnelles de 900 MDT, selon le projet du budget de l’Etat.
Cette enveloppe sera mobilisée à travers les augmentations des prix des produits pétroliers qui entreront en vigueur en octobre 2017 (200 MDT), et d’autres augmentations qui seront adoptées en 2018 (342 MDT). La hausse des tarifs de l’électricité permettront de mobiliser 358 MDT.
Dans une interview accordée à TAP, l’expert-comptable Walid Ben Salah prévoit une hausse des prix de la plupart des produits pétroliers.
Ces hausses atteindront le même niveau adopté en 2017, a-t-il encore ajouté, expliquant que “les indicateurs sur lesquels a été élaboré le projet du budget de l’Etat 2018 devront augmenter l’année prochaine”.
Pour l’expert, le budget de compensation devra dépasser de loin les niveaux prévus. Les calculs ont été basés sur un prix de référence du baril à 54 dollars, contre 53 dollars en 2017, outre l’adoption d’un taux de change d’un dollar pour 2,6 dinars, contre 2,4 dinars pour un dollar l’année dernière.
Ces hypothèses, estime Ben Salah, ne “se réaliseront pas” et aboutiront à l’adoption d’autres augmentations, outre la hausse déjà adoptée dans le cadre du projet de budget 2018.
A rappeler que la hausse d’un dollar du baril engendrera l’augmentation des dépenses de compensation de 121 MDT. Une hausse de 10 millimes du taux de change du dollar mènera à une hausse de 30 MDT de ces dépenses de compensation.
Le document du projet de budget de l’Etat a révélé une hausse progressive du coût de compensation, passé de 2,4% en 2010 à 3,6% du PIB prévu pour 2017.
Augmentation des prix de quelques produits de base
Les hausses ne concerneront pas seulement les produits pétroliers et l’énergie mais également les produits alimentaires de base. L’Etat a consacré des dépenses de subvention de 1,570 milliard de dinars, soit le même niveau réalisé en 2017.
Le document n’écarte pas la possibilité d’une augmentation des prix de ces produits et on y lit que ” de nouvelles mesures seront prises pour maîtriser et rationaliser la subvention des produits de base en maintenant les crédits alloués à ce titre au même niveau que celui de 2017 , de manière à économiser environ 330 MDT pour faire face aux dépenses de subventions estimées à 1,900 milliard de dinars en 2018 “.
Ces mesures seront adoptées avant l’instauration d’un système de protection sociale dont la réalisation est dirigée par le ministère des affaires sociale avec le soutien de la Banque mondiale en vue d’orienter la subvention vers les plus nécessiteux.
Le ministre des Finances, Ridha Chalghoum, s’est montré réservé en répondant à une question posée par l’Agence TAP, lors de sa conférence de presse, au début de cette semaine, sur la possibilité d’une augmentation des prix des produits de base, indiquant seulement que si les dépenses de compensation dépassent les 1,570 milliard de dinars, d’autres mesures peuvent être décidées. Il a ajouté que l’Etat recourra à la diversification de l’offre à l’instar de ce qui s’est passé pour le sucre en poudre en optant pour une variété qui se vend dans les grandes, surfaces tout en maintenant le prix subventionné pour les autres variétés.
Hausse des tarifs de transport public de 10%
Au programme des augmentations programmées pour l’année prochaine figure l’augmentation de 10% des prix du transport public en allouant une subvention de 450 MDT, soit le même montant inscrit au budget de 2017.
Mesures fiscales
Les nouvelles mesures fiscales adoptées par le projet de la loi des finances pour l’exercice 2018, auront des impacts sur les prix, la vie quotidienne du citoyen et le taux d’inflation, selon Ben Salah.
Ces mesures concernent l’augmentation de 1% de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui aura des répercussions sur les prix de la majorité des produits et des services dont les carburants, les produits agricoles, les services de la santé, les médicaments et l’enseignement.
Il a fait observer que la soumission des logements commercialisés par les promoteurs immobiliers à une TVA de 19% causera une augmentation entre 7 et 10% des prix, au début de l’année prochaine.
L’augmentation de la TVA aura également un impact sur la marge bénéficiaire des promoteurs, l’augmentation des frais d’enregistrement des logements et la hausse de l’autofinancement payé par le citoyen.
Et Ben Salah d’ajouter, dans ce contexte, que la plupart des citoyens acquièrent des prêts bancaires pour acheter des logements, sachant qu’un autofinancement à hauteur de 20% est requis. Ainsi, a-t-il expliqué, la hausse du prix du logement entraînera une augmentation de l’autofinancement, d’où la difficulté d’acquérir un logement.
Augmentation des taxes sur la consommation
Une augmentation des taxes sur la consommation sur plusieurs produits dont les voitures touristiques et utilitaires, les boissons alcooliques, le tabac, les produits cosmétiques, les parfums et le marbre est également programmée.
Ces augmentations appliquées sur la TVA et la taxe sur la consommation auront un double impact sur les prix, d’où l’orientation vers le marché parallèle et la contrebande.
Hausse vertigineuse des prix
Selon l’expert, les mesures proposées dans le cadre des projets du budget de l’Etat et la loi des finances pour l’exercice 2018 ne permettront pas de réaliser l’objectif de la maîtrise du taux d’inflation à 5,8%, mais ce taux sera largement dépassé.
Pour rappel, le taux d’inflation a atteint, vers la fin du mois de septembre, 5,5%, selon l’Institut national de la statistique (INS).
Pour Ben Salah, il est difficile de “parler de mesures sociales, tout en planifiant d’augmenter les prix de plusieurs produits”.