«Tout indique qu’on s’achemine vers la recrudescence des mouvements de protestation». Cet avertissement lancé mercredi 25 octobre 2017 par Messaoud Romdhani, président du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), et Abdessatar Sahbani, responsable de l’Observatoire social tunisien (OST) qui en relève, trouve un début de confirmation et de consistance dans les chiffres.
En effet, selon les statistiques de l’OST, les neuf premiers mois de 2017 ont été très largement plus «chauds» sur le front social que la même période de l’année écoulée.
De fait, on a enregistré 7.931 mouvements de protestation de janvier à septembre 2017, contre 6.493 durant les 9 premiers mois de 2016. Soit un bond de plus de 25%. Après avoir baissé très fortement en août 2017 (283) par rapport à juillet (630), le nombre de ces mouvements a fortement augmenté en septembre (423).
Sombre mois de septembre…
En ce mois, quatre gouvernorats détiennent la palme dans ce domaine. Il s’agit en l’occurrence et dans l’ordre de Gafsa, avec 71 mouvements de protestation, Kasserine (69), Kairouan (64) et Sidi Bouzid (53). Le reste du Top Ten est composé de Tozeur (23), Tunis (21), Gabès (16), Le Kef (15), Jendouba (14), et Zaghouan (12). Ce qui veut dire que le cœur du cyclone social se trouve, comme c’est la plupart du temps, dans les quatre gouvernorats du centre-ouest (Kairouan, Kasserine, Sidi Bouzid et Gafsa). Tozeur et Tunis sont juste un cran en dessous, suivis d’un troisième groupe où la tension est encore moins élevée (Jendouba, Le Kef, Zaghouan, Sfax et Gabès).
En revanche, un calme total a régné sur le front social –si l’on excepte quelques mouvements à caractère sportif- dans six gouvernorats (Kébili, Mahdia, Sousse, Ben Arous, Manouba et Ariana).
Trend haussier des protestations individuelles
La tendance est également à la hausse pour ce qui des mouvements de protestation individuelle, suicides et tentatives de suicide, dont le nombre a baissé de 40 en juillet 2017 à 17 en août, avant de repartir à la hausse en septembre (53). Douze gouvernorats (Manouba, Zaghouan, Béja, Le Kef, Sousse, Monastir, Sidi Bouzid, Gabès, Médenine, Tozeur et Kébili) ont échappé à l’«épidémie» des suicides et tentatives de suicide.
Au registre des mouvements de protestation individuelle, Tunis a été –relativement- épargné. La capitale n’a enregistré qu’un seul en septembre, mais spectaculaire. C’est celui du syndicaliste policier Walid Zarrouk, en détention à la prison de Mornaguia suite à sa condamnation à dix mois de prison pour fausses allégations sur les réseaux sociaux à l’encontre d’un officier public. Et qui s’est cousu la bouche.
Ailleurs, on a eu à déplorer quatre cas de suicide d’enfant de moins de 15 ans, dans la tranche d’âge 16-25 ans, et une quasi explosion par rapport aux mois précédents pour les 26-35 ans suite aux tentatives de suicide collectif dans le gouvernorat de Kasserine, où des professeurs suppléants exigeant la régularisation de leur situation ont tenté de se jeter du haut du bâtiment de la délégation régionale de l’éducation.