Assise derrière son bureau, le regard confiant, Leila Jedidi entame avec enthousiasme ses nouvelles responsabilités. Elle portait une veste sombre et un chemisier pastel mettant en valeur son teint rosé et le bleu azur de ses yeux.
Elle vient d’être nommée directrice de la prison de La Rabta. Un établissement qui renferme une centaine de détenus et un personnel majoritairement masculin. Ce poste est accordé pour la première fois à une femme. La cérémonie d’installation s’est déroulée mercredi 25 octobre 2017.
“C’est un défi que j’ai toujours rêvé de relever”, la nouvelle responsable parle d’une voix à la fois douce et déterminée.
Familiarisée avec le milieu carcéral, Leila Jeridi, 49 ans, a pour ambition d’humaniser les conditions d’incarcération et d’améliorer les relations entre le personnel et les détenus. “Il faut gagner la confiance du prisonnier et chercher l’enfant en lui”, estime la nouvelle directrice, qui est par ailleurs psychologue de formation.
Leila Jeridi fait ses premiers pas dans les établissements pénitentiaires depuis l’âge de 27 ans. Elle totalise 22 ans d’expérience dans les différents centres pénitentiaires et de rééducation. Elle était psychologue à la prison de la Manouba, un poste qu’elle a occupé pendant sept ans. Elle a ensuite été directrice au centre de rééducation de Mghira en 2008 avant d’être nommée à ce poste.
“Quand on m’a proposé cette fonction j’ai accepté sans hésiter”, a-t-elle lancé. “J’ai toujours voulu faire l’exception et avoir un poste de responsabilité dans un univers d’hommes (…). Il s’agit pour moi d’un message porteur de sens que j’adresse à tous les Tunisiens, hommes et femmes”. Elle confie, toutefois, que son époux qui est du même domaine, n’a pas caché une certaine appréhension en apprenant la nouvelle de cette nomination.
Modestement aménagé, contrastant avec la fraîcheur et l’attitude ouverte et avenante de sa nouvelle occupante, le bureau de la nouvelle directrice est située dans une grande pièce avec pour seul meuble une petite table, 2 chaises et une armoire. Majoritairement des hommes, les agents défilaient l’un après l’autre au bureau portant des piles de dossiers contenant tout ce qu’ils pensent util à la nouvelle responsable.
“Le bureau manque de vie, de plantes, de rideaux…”, regrette-t-elle, balayant rapidement du regard la pièce comme pour lister mentalement les actions nécessaires à entreprendre pour personnaliser le lieu. Ce n’est pas le plus important, devrait-elle penser. Le rêve, c’est de pouvoir transformer l’établissement en un hôpital-prison. Développer les compétences du personnel serait la première étape de ce processus. “Si les employés, du plus simple agent en contact direct avec les prisonniers au responsable, saisissent l’importance de communiquer correctement avec les détenus, le reste sera facile”.
La prison de La Rabta a été fondée en 1985. Elle accueille principalement les prisonniers condamnés à de courtes peines ou ceux qui souffrent de maladies nécessitant une intervention médicale, étant située à proximité de l’hôpital qui porte le même nom.