La Coopérative de la femme rurale “les richesses de Mahdia” est née il y a quelques mois, dans l’objectif de permettre aux agricultrices du gouvernorat de commercialiser leurs produits du terroir (bsisa, couscous, pâtisseries traditionnelles, olives en saumure, épices…). Elle participe pour la première fois au Salon international de l’agriculture, du machinisme agricole et de la pêche (SIAMAP 2017), organisé du 31 octobre au 5 novembre 2017 par l’UTAP, au Parc des expositions du Kram.
Néjiba Bérioul, secrétaire générale en charge de la femme rurale à l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche de Mahdia, indique que 9 agricultrices, issues de différentes délégations de ce gouvernorat (ksour Essaf, Chebba, El Jem, Malloulech, Hbira, Boumerdass, Karkar.) ainsi que deux ingénieures dans les industries alimentaires se sont regroupées au sein de cette coopérative pour commercialiser, ensemble, leurs produits garantis “naturels sans conservateurs”, dans les foires.
Selon elle, “chaque femme fabrique chez elle ses produits, avec ses modestes moyens, sachant que chacune fait travailler 3 à 4 personnes avec elle. Nous nous achetons mutuellement notre production pour pouvoir continuer à fabriquer nos produits”.
Les membres de cette coopératives offrent un large éventail de Bsisa bio issue d’un mélange entre la bsisa de Monastir et celle de Mahdia, du miel, du couscous fait maison (aoula), du piment séché et différentes épices, autant de produits du terroir biologiques.
Pour Néjiba, le principal problème auquel se heurte les agricultrices, est le financement, précisant que “pour parachever la constitution juridique de notre coopérative, nous avons besoin d’un prêt de 130 mille dinars de la Banque Tunisienne de Solidarité “BTS”, mais nous devons apporter un autofinancement de 13 mille dinars, ce qui nous est impossible puisque certaines d’entre nous vivent au-dessous du seuil de pauvreté”.
“Notre dossier est actuellement, au commissariat régional au développement agricole de Mahdia et notre ambition est d’agrandir la coopérative à un maximum d’agricultrices d’autres délégations”.
Adhérente à cette coopération, Samia Sghaier, agricultrice au visage marqué par le dur labeur, explique avoir planté 2000 Moringas, arbre originaire des plaines himalayennes de l’Inde, sur un lopin de terre ne dépassant pas 1 hectare, mais peine à commercialiser les produits du Moringa.
En 2016, Samia a reçu un peu de graines de Moringa de l’association “Dream in Tunisia”, elle a irrigué au goutte-à-goutte ses “arbres de vie”, pour récolter en une année, 35 kg de feuilles de Moringa. Elle précise avoir investi 2,5 mille dinars dans cette culture mais n’arrive pas à écouler les multiples produits qu’elle a confectionné à partir du Moringa (Bsisa, feuilles en poudre aux divers bienfaits nutritionnels…) .
Malgré tout, Samira affiche l’ambition d’agrandir ses plantations en louant un hectare et demi de terre supplémentaire, mais reste bloquée par le problème invariable du financement.
A préciser que le Moringa a été identifié par le World Vegetable Center (Taiwan) comme le légume au plus fort potentiel nutritionnel parmi 120 espèces alimentaires étudiées.
Autre membre de cette coopérative, Awatef Ben Amor, ingénieur dans les industries alimentaires originaire de chebba a travaillé durant 9 ans dans un grand groupe de l’agro-alimentaire pour se retrouver ensuite au chômage. Elle produit des filets de thon à l’huile d’olive biologique, sans additifs, ni colorants, ni conservateurs, vendus dans des bocaux en verre. Faute de moyens financiers et dépourvue d’équipements, elle n’arrive à produire que 500 kilos par an et doit payer pour stériliser ses produits dans une usine.
“J’ai eu plusieurs propositions d’hommes d’affaires pour exporter mes thons, mais vu le manque de moyens personnels, le caractère saisonnier de la pêche au thon et les équipements coûteux, je ne peux pas m’engager à produire plus. j’ai adhéré à cette coopérative pour pouvoir contracter un crédit et développer mon projet”, souligne t-elle.