Mahjoub Abderrazek est un entrepreneur chaleureux, accueillant, fier et volontaire, de 50 ans, qui vous accueille avec un large sourire. Il dirige une entreprise familiale spécialisée dans la production de café extrait du noyau de datte. Un parcours atypique dans un secteur prometteur pour un pays comme la Tunisie qui a produit, au cours de la saison 2015/2016, 245 mille tonnes de dattes.
Mahjoub pense que, aujourd’hui, il a réussi son pari; son rêve est de voir ses deux filles, qui poursuivent leurs études universitaires, prendre le relais pour continuer sur cette voie. Tout a commencé en 2009, quand ce technicien de formation est devenu le représentant chargé de distribuer une variété de café d’une grande entreprise italienne, dans les régions de Nabeul et de Hammamet.
Refusant de baisser les bras après la crise qui a anéanti le secteur touristique à l’issue de la Révolution de janvier 2011, il décide de franchir le pas et passe à la production de café à base de noyau de datte. Son entreprise “Vita Café” implantée à Fouchana dans le gouvernorat de Ben Arous, utilise actuellement entre 10 et 15 tonnes de noyaux de dattes par an, fournies par une société qui travaille les dattes dénoyautées.
“Lorsque j’ai lancé mon projet, il y a quatre ans, le café à base de noyaux de dattes, très riche en minéraux et en fibres solubles et insolubles, n’était pas très connu par le consommateur tunisien”, précise Mahjoub, qui expose ses produits à la 13ème édition du Salon international de l’agriculture, du machinisme agricole et de la pêche (SIAMAP 2017).
Et d’expliquer que ses recherches lui ont permis de découvrir qu’en Tunisie, Libye et Algérie, des pays producteurs de dattes, le consommateur ne connait pas ce produit, contrairement au Machrek arabe où ce produit occupe une place de choix dans les habitudes alimentaires.
Ce petit producteur mise surtout sur la qualité de ses produits, pour que les clients restent sous le charme de son café et de ses Bsissas à base de noyaux de dattes.
Pour Mahjoub, les bienfaits du noyau de datte sont multiples, il facilite la digestion, est riche en minéraux, adapté aux diabétiques, bénéfique pour les reins, stimulant pour la mémoire, réduisant le niveau de cholestérol dans le sang et favorisant le lait maternel après la naissance.
“En tant que producteur je suis motivé et sûr de la qualité de mon produit “. Je ne suis pas le premier producteur de café de noyaux de dattes, mais mes recherches et mon expérience de plus de 15 ans avec une entreprise italienne m’ont permis de mettre en place un dispositif de traitement spécial qui vise à réduire au maximum le taux d’acidité du noyau de datte.
Ce procédé consiste à tremper le noyau de datte dans l’eau, le laver, le sécher puis le torréfier (exposer à une chaleur intense jusqu’à atteindre un début de carbonisation), en veillant à ce que la température ne dépasse pas les 100 degrés, sinon la poudre devient nocive pour la santé.
Nous avons commencé avec un mélange de café et de poudre de noyau de datte pour obtenir un produit “light” dont le goût reste familier pour le consommateur tunisien, puis nous avons franchi un autre cap en produisant la poudre de noyau de datte pure, mélangée avec de la cannelle et du gingembre pour relever le goût.
Notre entreprise produit aussi, une Bsissa à base de noyau de datte et d’avoine (Gossiba) produite en Tunisie, recommandée pour les personnes qui suivent un régime alimentaire, souligne Mahjoub. Et d’expliquer que la poudre des noyaux de dattes peut se substituer aux céréales (blé ou orge utilisé habituellement) pour lui apporter une saveur prononcée avec une amertume agréable en arrière-goût.
Notre Bsissa, qui peut être consommée en pâte, mélangée à l’huile d’olive ou au miel, ou en boisson, diluée dans l’eau, est riche en fibres et en minéraux, ajoute t-il avec fierté.
Répondant à une question sur la distribution de son produit, il explique que son réseau se base essentiellement sur les foires. “Nous avons récemment, ouvert un point de vente dans le village mythique de Sidi Bou Said pour vendre nos produits naturels et sains”.
“C’est vrai, nos produits ne sont pas disponibles dans les rayons des boutiques spécialisées dans la vente des produits biologiques, car nous n’avons pas encore obtenu le label bio qui nécessite des démarches administratives complexes”, indique-t-il , précisant que son prochain objectif est d’obtenir cette certification.
Autre objectif non moins important pour le gérant de cette petite entreprise employant actuellement, trois femmes, c’est d’accéder aux marchés extérieurs. “J’ai déjà exporté une tonne de noyaux de dattes emballées sous vide à une association canadienne et je suis en train de chercher des débouchés à l’export par mes propres moyens et mon objectif est de réussir ce nouveau pari”.