Faten Hamdi Gassa, general manager de la première start-up privée spécialisée en production d’insectes utiles en Tunisie, a déclaré que “son entreprise, ControlMed, créée en juillet 2014 et entrée en activité début 2015, repose sur un concept innovant: offrir des solutions alternatives aux pesticides et à contribuer à l’évolution du secteur de l’agriculture biologique. Elle produit des agents de lutte biologique (insectes, acariens et micro-organismes) qui sont des prédateurs pour les insectes qui s’attaquent aux plantes, tout en respectant l’environnement et la santé humaine”.
La lutte biologique contre les ravageurs ne cesse de prendre de l’ampleur de par le monde, grâce à une prise de conscience des dangers des pesticides, sur la santé, la faune, la flore, les sols et l’eau. En Tunisie ce concept fait encore ses premiers pas, mais reste toutefois, confronté à un certain manque d’encouragement de la part des autorités, a t-elle souligné.
Participant au SIAMAP 2017, qui se tient du 31 octobre au 5 novembre 2017, au parc des expositions du Kram, Faten Hamdi Gassa explique que “dans un objectif de valorisation des richesses naturelles tunisiennes, nous utilisons des insectes locaux, collectés dans la nature, dans l’écosystème oasien. Nous les soumettons par la suite à plusieurs tests dans le cadre de notre coopération avec des organismes de recherche et développement, à l’instar de l’Institut de l’Olivier de Sfax, pour procéder au final à un élevage en masse de ces insectes”.
“Début 2015, nous avons eu la chance de signer un contrat avec le Groupement interprofessionnel des fruits, dans le cadre d’une campagne nationale de lutte contre la pyrale des dattes, qui ravage aussi bien les palmiers dattiers que les grenadiers. La première année (2015) nous avons traité 1000 hectares de grenadiers dans les oasis de Gabès, à raison de trois interventions (lâchers d’insectes prédateurs) par année. En 2016, notre intervention à concerné 2.000 hectares de grenadiers, toujours à Gabès qui compte au total, trois mille hectares de grenadiers. En 2017, nous avons traité 2.000 hectares de grenadiers à Gabès et 1.000 hectares (sur un total de 1200) à Testour”, a-t-elle précisé.
La gérante de ControlMed a fait savoir que les privés commencent aussi, à s’intéresser à leurs produits, par prise de conscience ou par obligation, étant donné que certains d’entre eux sont contraints dans le cadre de leurs accords avec des marchés extérieurs, à ne pas dépasser un certain niveau de résidus dans leurs produits.
S’agissant des difficultés qu’elle a rencontrées pour lancer son entreprise, elle a indiqué que son activité n’est pas reconnue par le code de l’investissement, et qu’il lui a fallu une année pour savoir si son activité faisait partie de l’industrie ou de l’agriculture et si elle doit être rattachée à l’APII ou à l’APIA, pour savoir,in fine, qu’elle relevait de l’APII.
L’autre difficulté évoquée se rapporte au paiement de plus de TVA que les produits similaires importés, alors que sa société travaille avec des produits locaux et qu’elle fait travailler des compétences locales. Elle n’a pas manqué également, d’évoquer le problème lié au financement, précisant qu’elle a été contrainte de solliciter la garantie de ses parents pour avoir un crédit bancaire, puisque la BFPME a tardé à répondre à sa demande de crédit, prenant plus d’une année pour l’étudier.
Malgré ces difficultés, Faten Hamdi Gassa reste confiante dans l’avenir, “nous sommes encore, au début du chemin, mais le potentiel existe et il est énorme vu l’existence de plusieurs ravageurs qui menacent les cultures stratégiques (palmiers dattiers, grenadiers, oliviers, agrumes, tomates). Nos produits vont être renouvelés sans cesse et adaptés à chaque type de ravageurs. Pour le moment, ControlMed opère seule sur le marché, concurrencée par quelques importations de produits similaires, mais le marché reste ouvert à tous ceux qui veulent investir dans ce créneau”.