“Le Budget économique 2018 vise à redresser les déséquilibres macroéconomiques. Toutefois, sur de nombreuses questions, il procède de la même logique que le budget économique 2017 au risque d’avoir des performances similaires et de ne pas réaliser les objectifs qu’il s’est fixés”. C’est ce qui ressort d’une lecture du budget économique (BE) et du projet de la loi de finances 2018 (PLF 2018), présentée, lundi 6 novembre à Tunis par le Think Tank “SOLIDAR Tunisie”.
Cette lecture souligne également que “le BE 2018 adopte un schéma de croissance qui redonne au secteur productif le rôle majeur, il sera à l’origine de 95,2% de la valeur ajoutée. Cependant, ce schéma reste fragile, dans la mesure où la croissance économique prévue pour 2018 dépendra fortement des performances du secteur agricole et de celles des industries primaires (mines et énergie) “.
Toujours selon les analystes de SOLIDAR, “le schéma de croissance retenu pour 2018 se fixe pour objectif de redonner à l’investissement son rôle moteur dans la stimulation de la croissance, cependant les ambitions affichées à ce titre, risquent de se heurter à l’évolution de la pression fiscale sur les entreprises et à la dégradation du climat d’affaires dans le pays. C’est aussi un schéma de croissance où le rôle du commerce extérieur et de la politique le concernant restent ambigus”.
“Finalement, si le schéma de croissance prévu pour 2018 devrait se réaliser, il en résulterait un déficit courant encore trop important (8,2%), un encours excessif de la dette (72,3%), un taux d’inflation croissant (5,8%) et sensiblement supérieur à celui projeté par le plan quinquennal de développement (3,6%)”, souligne encore la lecture de SOLIDAR.
Dans cette même lignée, SOLIDAR estime que le PLF 2018, “manque remarquablement de vision, contredit les orientations retenues dans les lois de finances précédentes en matière de réformes fiscales et douanières et de lutte contre la contrebande et l’économie parallèle et vise essentiellement à mobiliser des ressources pour faire face aux dépenses publiques croissantes “.
“Ce projet aura ainsi pour conséquences d’augmenter la pression fiscale directe sur les entreprises mais également la pression fiscale indirecte à travers l’augmentation des prix des intrants, menaçant ainsi la compétitivité des entreprises et alimentant davantage l’économie parallèle, mais également à travers le renchérissement les prix des produits de consommation, avec tous les effets que cela pourrait avoir sur le pouvoir d’achat des citoyens”, estime encore SOLIDAR.
Partant de ces constats, le groupe de réflexion recommande d’optimiser, en premier lieu, la mobilisation des ressources au profit du budget de l’Etat, à travers l’amélioration du recouvrement des dettes publiques en mettant en place une commission de pilotage dédiée à cet effet, et à travers l’élargissement de l’assiette fiscale au lieu d’augmenter les taxes et taux actuels d’imposition.
SOLIDAR recommande également d’améliorer le système fiscal en instituant une déduction des bénéfices provenant du réinvestissement d’extension afin d’encourager les investissements et accroître la compétitive des entreprises. Toujours à ce titre, ce Think Tank propose également d’annuler certaines mesures inscrites dans le PLF 2018 et qui sont de nature à bloquer les investissements, à l’instar de l’obligation faite d’accompagner la déclaration de revenus ou d’impôt d’un certificat attestant l’entrée en activité de l’investissement, qui constitue une condition difficile à réaliser pour les projets nouvellement créés et pour les opérations d’entrée au capital.
Sous le chapitre de l’encouragement des investissements, SOLIDAR propose d’étendre le champ des incitations fiscales au titre de réinvestissement dans le domaine des énergies renouvelables et de recyclage des déchets et d’accorder des avantages fiscaux pour financer les projets dans le secteur des énergies renouvelables à travers l’émission de titres participatifs.
SOLIDAR estime également nécessaire d’accorder une importance particulière à l’investissement dans les nouvelles technologies et à préparer le terrain à ce secteur à travers la numérisation de l’administration.