Selon une étude présentée par le réseau Mourakiboun en collaboration avec l’institut d’étude “One to one” et l’organisation Heinrich B?ll Stiftung , jeudi 9 novembre 2017, quelque 60% des Tunisiens seraient prêts à aller voter lors des prochaines élections municipales de mars 2018.
L’enquête a porté sur un échantillon de 10.032 citoyens tunisiens de plus de 18 ans au cours de la période du 28 juin au 28 août 2017.
Mohamed Marzouk, vice-président de Mourakiboun, a expliqué que le contexte de l’étude a été marqué par le report des Municipales, la démission du président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) et l’instabilité politique et économique.
Cette étude démontre que, bien que manquant d’informations sur les élections municipales et le paysage politique, le Tunisien compte quand même aller voter. Cependant, plus de 32% d’entre eux ne se rendront pas aux urnes pour voter (dont presque 30% pensent que les élections ne vont rien changer et 25,5% n’ont pas confiance en les politiciens), alors que 6,7% n’ont pas encore décidé s’ils vont ou non voter.
D’ailleurs, l’étude indique que près de 70% des Tunisiens ne sont pas au courant de la nouvelle répartition territoriale des municipalités; plus de 77% ne connaissent pas les nouvelles prérogatives et responsabilités des municipalités; plus de la moitié de l’échantillon acceptent de donner plus d’indépendance et de moyen financier aux municipalités.
Dans les détails, sur les intentions de vote, plus de 49% des électeurs comptent voter pour des listes d’indépendants contre 27% qui comptent voter pour des listes partisanes.
Toujours selon ce sondage, plus de 57% pensent que le candidat aux municipales doit avoir une connaissance approfondie de sa région et la réalité vécue par les habitants, et que 46% pensent qu’il doit disposer d’un bon programme électoral pour la région. En outre, 12% des sondés estiment également que le candidat doit avoir de l’argent et 10% seulement pensent qu’il doit être une femme. Mais en même temps, l’étude affirme que plus de 76% des des sondés accepteraient que le président de leur municipalité soit une femme.
Plus de 73% acceptent que leur candidat soit âgé de moins de 35 ans et 60% acceptent qu’il ait un handicap physique. Plus de 17% des Tunisiens acceptent qu’il soit un extrémiste religieux et 16% seulement acceptent qu’il ait plus de 70 ans.
Les municipales sont une bonne chose pour 57% des enquêtés…
Par ailleurs, le sondage fait ressortir que plus de 57% des Tunisiens pensent que les élections municipales changeront pour le mieux la situation, contre 28% qui pensent qu’elles ne changeront rien, alors que 2,6% estiment que ce sera pire qu’avant.
Par ailleurs, 79% des enquêtés estiment que le Tunisien doit payer ses impôts afin d’être un bon citoyen. 72% pensent qu’il doit participer aux élections et 43% pensent qu’il doit protester contre les décisions qu’il n’accepte pas.
Plus de 90% des sondés affirment accepteraient de payer des amendes pour avoir déposé les ordures ménagères dans les lieux publics. 77% sont prêts à payer plus d’impôt pour garantir plus de propreté dans les zones où ils habitent, contre 20% qui refuseront de le faire.
Plus de 73% affirment qu’ils dénonceront un fonctionnaire de la municipalité en cas de malversation. Mais seulement 48% de l’échantillon seraient prêts à dénoncer un voisin pour construction sans autorisation.
Le Tunisien et le paysage politique
Sur la perception du citoyen de la situation générale dans le pays, plus de 64% des citoyens pensent que la Tunisie est sur la mauvaise voie, contre 25% qui pensent le contraire, et 10% qui ne se prononcent. Plus de 77% de l’échantillon sont satisfaits de la situation sécuritaire, alors seulement 17% sont satisfaits de la situation économique et 25% sont satisfaits de la situation politique du pays.
Plus de 42% des Tunisiens semblent s’intéresser à la vie politique, contre 40,3% qui affirment ne pas s’intéresser à ce qui se passe au niveau du paysage politique tunisien.
Dans cet ordre d’idées, plus de 56% des sondés n’ont pas du tout confiance en les partis politiques, contre 5% seulement qui affirment le contraire…
Après les démissions du président et 2 membres de l’ISIE, la confiance en cette instance constitutionnelle a régressé, affirme Youssef Meddeb, représentant du centre d’étude One to One. En effet, selon la même étude, 20,4% seulement ont beaucoup de confiance en l’ISIE contre plus de 27% d’avis contraires.
A noter que l’échantillon est constitué de citoyens dans les 24 gouvernorats du pays, 260 délégations et 749 localités. 30,7% de l’échantillon ont un niveau d’étude primaire, 27,2% ont fait des études secondaires et 16,7% ont un niveau supérieur d’étude. 14,2% ne sont jamais allés à l’école. Les tranches d’âge des questionnés varient entre 18 et 24 ans (9,6%), 25 et 34 ans (17,7%), 35 et 44 ans (24,5%), 45 et 54 ans (22,1%), 55 et 65 ans (14,9%) et plus de 65 ans (10,7%). 67,8% de l’échantillon habitent dans des zones urbaines et 32,2% viennent de milieux ruraux. 42% d’entre eux ont un salaire de moins de 600 dinars. Plus de 31% de l’échantillon sont des ouvriers, agriculteurs et commerçants. Les fonctionnaires administratifs et les hauts cadres ne dépassent pas les 14% de l’échantillon. Plus de 10% de l’échantillon sont formés de chômeurs alors que 31% sont des femmes au foyer.