SolVie+. Voilà une raison sociale bien parlante pour une entreprise, créée en novembre 2017, dont l’activité consiste à mener des recherches et à faire du développement biotechnologique. Et qui, s’ajoutant à Sol et Vie (extraction de minéraux et engrais naturel), renseigne bien sur le profil du promoteur : une personne qui aime –beaucoup- la terre. Et c’est effectivement le cas pour May Granier.

Comme son nom ne l’indique pas, cette dame est Tunisienne de naissance et de cœur. Née en Tunisie en 1942, elle l’a quittée en 1969, à dix-sept ans, pour passer la majeure partie de sa vie aux quatre coins du monde et en France qu’elle a servie comme diplomate. De retour dans son pays natal, elle replonge dans le monde qu’elle aime depuis sa prime enfance : l’agriculture.

Née à Medjez-El-Bab, ainsi qu’elle l’a révélé dans lepetitjournal.com d’un père avocat, économiste, et bien d’autres choses, et d’une mère professeur de sciences et botaniste, spécialisée dans la flore méditerranéenne, May Granier a grandi dans la ferme de ses parents qui lui ont appris à aimer la terre et les bêtes -moutons, vaches laitières, et abeilles. Pour autant, la diplomate à le retraite, devenue sur le tard chef d’entreprise, n’a pas enfilé la combinaison de l’agriculteur, mais le chapeau de la militante en faveur d’une agriculture environnementale.

Quand on lui demande pourquoi l’agriculture environnementale au lieu de biologique, elle répond que la première «tend à produire des aliments sains pour l’humanité et à réduire les risques de dégradations des milieux naturels en éliminant le recours au chimique autant que faire se peut», alors que la seconde «est une agriculture qui gère d’abord l’environnement et tire parti efficacement des cycles naturels, des interactions biologiques entre la plante, le sol, l’eau, l’air».

Une «pratique technique aveugle aux terroirs régionaux» ayant entraîné «la perte de fertilité des sols, la dépendance à l’égard des aléas climatiques qui sont sévères en Tunisie, les coûts de cultures qui, peu à peu, dépassent les résultats de productions, une sécurité alimentaire de plus en plus difficile à envisager dans le cadre des crises actuelles, les ressources en eau qui vont s’épuisant» et «les paquets technologiques importés ont montré leurs limites (trop chers, dangereux pour la santé et pour l’équilibre des végétaux, polluants des eaux, peu efficaces en cas de sécheresse, exigeant en eux d’irrigation».

Mme Granier plaide pour «de nouvelles stratégies de cultures afin de réhabiliter les terroirs régionaux avec leurs richesses biologiques spécifiques». Objectif qui, selon elle, peut être atteint «en utilisant les plantes adaptées à ces terroirs et à leurs conditions climatiques. Luzernes, sulla, vesces, fenugrec et autres plantes soignantes de nos terrains dégradées (qui) résistent à toutes sortes de stress (sècheresse, pollution, sols salés et appauvris), et en les combinant à un «apport en bactéries et en mycorhizes, lorsque les sols deviennent biologiquement inertes.

Commencée l’échelle internationale, dans le cadre de l’Association Abel Granier (AAG) -du nom du père de Mme Granier-, une ONG française, allemande et suisse, l’action militante de cette Tuniso-française se déploie également en Tunisie. Outre un bureau d’AAG, la prêtresse de l’agriculture environnementale a créé en Tunisie l’Association tunisienne d’agriculture environnementale “ATAE”, en juin 2011, et l’Association de l’éducation environnementale pour les futures générations “AEEFG”, en août 2011. Et ce ne sera peut-être pas la dernière initiative de ce genre de cette entrepreneuse militante.