A l’initiative de l’association IHEC ALUMNI, une rencontre sur l’exportation des services de santé en Tunisie et le tourisme médical, intitulée “Exportation des services de santé: opportunités et leviers de performance”, a été organisée 18 novembre à Sfax avec la participation de représentants d’organismes professionnels et de structures administratives et scientifiques (la Faculté de médecine de Sfax, la Chambre syndicale des cliniques privées, l’Instance nationale de l’accréditation en santé et la direction régionale de la santé).
“Cette conférence a pour objectif de définir les orientations et les stratégies à suivre en vue de booster le tourisme médical qui a fait son émergence en Tunisie depuis la dernière décennie”, a indiqué Karim Ammous, président de l’IHEC ALUMNI à Sfax.
Selon lui, le nombre des patients étrangers qui viennent se faire soigner en Tunisie s’est élevé en 2013 à plus de 450 mille contre environ 150 mille en 2007. Près de 70% des patients étrangers proviennent du Maghreb, principalement de la Libye et de l’Algérie et environ 12% de l’Europe, a-t-il précisé.
“A la faveur des 40 mille employés travaillant dans plus d’une centaine de cliniques privées, le tourisme de santé en Tunisie est voué à un avenir radieux”, a estimé le Président régional de l’IHEC ALUMNI à Sfax.
D’après le rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au titre de l’année 2016, la Tunisie se trouve actuellement en deuxième position à l’échelle africaine en matière d’exportation des services de santé et en dixième position dans le monde, a-t-il rappelé.
Dans cette optique, la directrice générale de l’Unité de la promotion de l’investissement et de l’export des services de santé auprès du ministère de la Santé publique, Nadia Fenina, a annoncé le prochain lancement d’une étude de faisabilité pour la création d’une Agence de promotion des investissements des exportations des services de santé, à l’instar de l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII) et du Centre de promotion des exportations (CEPEX).
Il s’agit également, a-t-il ajouté, du lancement d’une étude sur le développement des outils de communication de la stratégie d’exportation des services liés à la santé. Ce projet sera financé sous forme de don par la Banque africaine de développement (BAD), a-t-elle poursuivi.
Dressant un état des lieux du secteur de la santé en Tunisie, Nadia Fenina a souligné que le tourisme de santé en Tunisie offre de diverses opportunités qui, a-t-elle dit, “ne se limitent pas uniquement aux soins médicaux mais aussi à la formation médicale et à l’industrie pharmaceutique. La Tunisie est classée deuxième à l’échelle mondiale après la France en matière de thalassothérapie”.
Grâce à ses 1.790 médecins, dont 1.113 spécialistes, Sfax constitue un vrai pôle de santé et présente de fortes chances pour réussir dans le secteur de l’exportation des services de santé, a-t-elle souligné, faisant remarquer que deux sur trois médecins à Sfax exercent dans le secteur privé.
A ce propos, elle a recommandé de multiplier les vols directs vers les pays demandeurs de services de santé, tels que les pays africains et d’élaborer une stratégie marketing à cet effet.
Il s’agit également de faciliter le processus d’octroi de visas et d’améliorer les services d’accueil, de transfert et d’hébergement des patients étrangers, a-t-elle ajouté.
En marge de cette rencontre, Emir Daoud, gérant d’une agence de tourisme médical nouvellement créée à Sfax, a jugé indispensable de mieux organiser le secteur qui, selon lui, souffre d’un manque flagrant de marketing et d’un cadre juridique adéquat et encourageant. “En l’absence d’un cadre juridique clair, j’ai rencontré plusieurs problèmes pendant le processus du lancement de mon agence de tourisme médical”, a-t-il regretté.
A ce propos, Emir Daoud a plaidé pour la création d’un consortium regroupant toutes les cliniques et les professionnels de la santé pour garantir une meilleure structuration du secteur. Et le propriétaire de cette agence de tourisme médical d’ajouter : “Il faut miser sur le continent africain pour booster le tourisme de santé à Sfax. Nous pouvons attirer de grands nombres d’Africains qui s’orientent d’habitude vers l’Europe pour se faire soigner”.
Pour le directeur régional de la santé publique, Imed Maâloul, les services de la santé constituent aujourd’hui un véritable axe de développement régional à Sfax, notamment à la faveur de la cohabitation entre les secteurs public et privé, des services multidisciplinaires dispensés par le secteur privé, de la multiplication des structures de formation professionnelle et de l’utilisation des technologies de pointe particulièrement dans les domaines de l’imagerie, de la chirurgie, de la biologie.