Le tourisme tunisien poursuit doucement mais surement à remonter la pente malgré un contexte politique et sécuritaire international d’une extrême fragilité.

Par Hakim TOUNSI

L’année touristique tunisienne 2017 finira avec environ 6 millions de visiteurs, en progression de 10% par rapport à 2016 qui avait clôturé à 5,5 millions d’entrées de non-résidents.

Près de 1,8 millions en 2017 seraient en provenance du marché européen en progression de plus de 28% par rapport à 2016 qui avait totalisé 1,4 millions d’entrées.

Le sud tunisien, un produit touristique à promouvoir davantage

La part du marché européen dans les entrées globales a été de 25,6% en 2016 avec 1.415.334 entrées sur un total de 5.524.021 d’entrées en Tunisie de non-résidents.

En 2017 avec l’augmentation du nombre des entrées des français, qui passeraient de 390 milles en 2016 à 560 milles soit une progression de 43,5%, et malgré la baisse de celle des russes, la part des européens se situera vers 30% du total. Les européens représenteraient à fin décembre 2017 environ 1.8 millions d’entrées sur un total avoisinant 6 millions de visiteurs.

La part des européens passe ainsi, entre 2016 et 2017, de 25,6% à 30% du total des entrées des non-résidents.

Pour peu que les conditions politiques, sécuritaires et économiques continuent à se stabiliser, nous pourrons tabler pour le tourisme tunisien en 2018, en provenance du marché européen, sur une augmentation encore à deux chiffres de l’ordre de 22% par rapport à 2017 le portant de 1,8 à environ 2,2 millions de visiteurs.
Quatre cent mille clients supplémentaires pourraient arriver en Tunisie en 2018 en provenance du marché européen. Les français 80 à 100 clients, marché russe 50 à 70 000 clients, Royaume Uni 50 à 60.000 nouveaux clients, l’Allemagne 40 à 50.000 nouveaux clients, autres européens 120.000 nouveaux clients.

En 2016, suite à l’embargo décrété par la Russie pour l’entrée de ses ressortissants en Turquie, la Tunisie a accueilli un chiffre record de 623.397 russes. Ce chiffre a connu une baisse en 2017 par rapport à 2016 mais se reprendra en 2018 à la faveur des gros TO (AnexTour, Odeon-Coral, Express Tours, Pegas, Biblioglobus + Tui Russia) qui tablent de plus en plus sur la destination. Les problèmes politiques régionaux et la crainte des actions violentes en Turquie, inciteront les vacanciers et les opérateurs des pays européens, russes compris, à préférer en 2018 la Tunisie à la Turquie.

La Tchéquie et la Pologne avec l’apport de EximTours et l’ascension de Blue Style (Tchéquie) via la joint-venture avec Sun & Fun, réaliseront en 2018 une évolution conséquente qui laisse prévoir entre 50 et 60.000 entrées en provenance de ces deux marchés.

Au départ de la France, les « big players » (TUI, Thomas Cook, Mondial, Karavel, Voyamar…..) voudront poursuivre la récupération de leurs parts de marché perdues sur les 5-6 dernières années, les groupes constitués réaliseront leur retour progressif, d’où une prévision plausible d’une augmentation pour le marché français de 80 à 100.000 vacanciers par rapport aux 560.000 clients de 2017, portant les entrées attendues en 2018 à 650.000 vacanciers français.

Au départ de l’Allemagne, plus d’engagement de la part de FTI, un souci de repositionnement chez TUI et Thomas Cook, un plan de croissance chez Alltours et une arrivée de Anex Tour, se traduiront par une évolution de l’ordre de 25-30% de ce marché en 2018.
Le Royaume Uni avec le programme prudent de Thomas Cook qui a commencé par 4 vols hebdomadaires avant de les porter à 12 dès avril 2018 et l’abstention dans un premier temps de TUI UK qui a fini par tout de même programmer 4 vols hebdomadaires sur Enfidha à compter du mois de mai 2018 sans programmer Sousse et El kantaoui, fera entre 70 et 80 milles clients.

Le Benelux avec Luxair, jetair (TUI), TUI Hollande, Corendon NI, et Thomas Cook Belgique fera un plus de 40-45 milles clients.

En Suisse, Air Marin étant seul à continue à pousser, il n’y aura pas de grosses attentes sur ce marché qui restera avec environ 20.000 entrées.

L’Espagne et le Portugal resteront en 2018 aux abonnés “absents” avec de faibles réalisations d’entrées touristiques en Tunisie.

Malgré le manque de visibilité dans l’attente du BIT Milan, il n’y aura pas de grands bouleversements à attendre non plus de l’Italie qui restera en 2018 avec des entrées situées entre 70 et 80 milles clients.

Les autres marchés Européens : Hongrie, Serbie, Slovaquie et divers, auront un volume de clients modeste et n’appellent pas de commentaires particuliers.

En conclusion, après 1,4 millions en 2016 et 1,8 millions en 2017, un objectif de 2,2 millions de Touristes Européens pour 2018 reste largement dans les cordes.  Ceci signifierait déjà un début d’équilibrage au niveau de la segmentation avec des européens représentant 34% des entrées globales prévues à hauteur de 6,5 millions d’entrées de non-résidents en 2018.

Il reste pour ce faire à la profession et aux autorités de remettre à niveau et au gout du jour l’hôtellerie tunisienne et d’améliorer la qualité du produit touristique en général à commencer par l’environnement qui tant qu’il ne sera pas sérieusement assaini représentera un handicap majeur pour le  redressement de l’attractivité de la destination Tunisie.

Le gros hic pour le tourisme tunisien, restera le niveau de sa recette touristique aussi bien moyenne par client que globale. Nous restons loin de la recette de 3,8 milliards de dinars tunisiens enregistrée en 2010 et nous irons plutôt vers les 2,5 milliards de dinars en 2018.

Aussi, eu égard à la réduction de la part des marchés européens dans les entrées touristiques globales qui passent de 55% en 2010 à 34% en 2018, à l’effondrement de la valeur en devises du dinar tunisien, à la part importante du marché local, du marché algérien et du marché libyen qui ne règlent pas en devises, la recette globale en devises du tourisme tunisien a fondu comme neige au soleil et ne contribuera malheureusement pas à soulager le déficit de la balance des paiements.

La segmentation des entrées des non-résidents reste une priorité à revoir pour rééquilibrer les données du secteur et les mettre en phase avec les besoins du pays sachant que ce secteur a avant tout été promu moyennant des emprunts contractés par la Tunisie auprès d’institutions financières étrangères, pour être un secteur pourvoyeur de développement, d’emplois et de devises pour le pays.

Mes remerciements à messieurs Salah Alouini, consultant tourisme résidant en Allemagne, Mourad Kallel, hôtelier et tour-opérateur résidant en France qui m’ont aidé à réaliser cette modeste synthèse et contribution.