La lutte contre la corruption, le régime politique en place, le gouvernement d’union nationale, la réforme administrative et le développement régional équitable, sont autant de points soulevés mardi par les députés, à l’occasion du débat parlementaire budgétaire sur le projet de budget de l’Etat et le budget économique pour l’année 2018.
Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, avait, auparavant, présenté la déclaration du gouvernement.
Le député Béchir Ben Amor (Nidaa Tounes) a estimé que le régime politique en vigueur a entravé le système de gouvernance, d’où, selon lui, la nécessité de le changer. Il a, également, appelé à la promulgation d’une loi pour la protection des cadres supérieurs de l’Etat et l’amélioration de leurs conditions financières pour éviter qu’ils ne soient exploités à des fins politiques.
Il préconise, en outre, de promulguer une loi régissant le financement des partis politiques à partir du budget de l’Etat, “selon leur représentativité parlementaire”.
L’élu Marouane Felfel (UPL) a souligné la nécessité de définir une “politique audacieuse et globale” en procédant à la réforme de l’administration et des institutions publiques qui, selon lui, ont perdu toute aptitude à la compétitivité. Il a souhaité qu’une administration moderne soit mise en place pour faciliter le quotidien des citoyens, affirmant son soutien au gouvernement dans son action de réforme basée sur la numérisation et la restructuration de l’administration.
De son côté, Jilani Hammami (Front populaire) a estimé que la campagne anti-corruption est sélective et ne concerne pas tous les domaines, relevant que 2018 sera marquée par l’amplification de la crise des institutions nationales.
L’élue Rim Thairi (Al-Mahaba) a, quant à elle, indiqué que les alliances nouées sur la base d’intérêts étroits vont à l’encontre de l’intérêt du citoyen. Pour elle, le consensus a approfondi la crise politique du pays et a eu un impact négatif sur les indicateurs économiques.
Khémaies Ksila (bloc démocratique) a, pour sa part, fait état d’une crise de gouvernance profonde qui requiert l’unité et un large consensus national autour des grandes réformes, notamment pour ce qui est des institutions publiques. “L’actuel gouvernement est dépourvu d’une vision claire et d’une volonté politique”, a-t-il jugé.
Dans son intervention, la députée Fatma Mseddi a estimé que le gouvernement est incapable de booster l’investissement, lutter contre la corruption, voire créer des richesses, jugeant inadmissible qu’un “élu du peuple soit harcelé quand il contribue à la lutte contre la corruption”.
La députée d’Ennahdha Farida Laabidi a souligné l’importance de consacrer la décentralisation et d’accorder aux régions leur droit au développement. Selon elle, “le système politique n’est pas sacré. Il est possible de le changer mais on ne peut le juger avant que l’installation des instances constitutionnelles ne soit parachevée”.
Hassouna Nasfi (Machrou Tounes) a estimé, pour sa part, que le chef du gouvernement a adressé un message positif aux organisations nationales ainsi qu’aux différents partis politiques s’agissant de la lutte contre la corruption. Une lutte qualifiée par le député de “guerre de longue haleine” et d’une guerre d’Etat à laquelle tous les ministères doivent y adhérer.
De son côté, Hajer Bechikh Ahmed (Afek Tounes) a mis en garde contre l’absence de toute continuité dans les politiques amorcées par les gouvernements successifs, appelant les signataires du Document de Carthage à éviter les surenchères politiques et à s’en tenir aux dispositions de ce document.