Ce n’est pas à proprement parler un rendez-vous qu’il a donné, mais plutôt un engagement que Zied Laadhari a pris, vendredi 24 novembre 2017, devant un parterre composé de chefs d’entreprise, banquiers, universitaires, etc., lors du Forum Liberté Economique, organisé par l’Economiste maghrébin.
«Durant les premiers mois de 2018, promet le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, il y aura un renversement de l’approche» en matière d’investissement, avec l’adoption d’une «liste négative». Ce qui revient à «ériger la liberté en principe» et la restriction –par des autorisations- comme l’exception. Car le fait que l’exercice de bon nombre d’activités économiques soit encore soumis à l’obtention d’autorisations «a eu pour impact de limiter l’initiative des investisseurs».
Une équipe travaille actuellement à l’élaboration de la liste négative, au ministère du Développement. Elle a commencé par établir la liste des autorisations exigées –qui a été remise à la présidence du gouvernement, indique M. Laadhari. Qui avoue avoir été «désagréablement surpris» lorsqu’il l’a consultée.
Toutefois, la lutte contre la bureaucratie ne s’arrêtera pas à la publication de la liste négative. «Elle devra continuer», insiste le ministre.
Mais le dégraissage du millefeuille bureautique ne serait pas le seul «cadeau» du gouvernement aux investisseurs. A partir d’une date non encore précisée, ceux-ci auront à traiter avec un seul interlocuteur, un «One Stop Shop» qui «se substituera aux différentes instances publiques au cas où celles-ci ne donneraient pas une suite favorable à leurs demandes», précise Zied Laadhari.
Le ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale a fait cette annonce en réponse à l’image peu reluisante qu’a donnée de la Tunisie le rapport “Améliorer la liberté économique en Tunisie“ que lui a consacrée l’Institut Fraser.
Cet organisme canadien salue «le succès politique en Tunisie (…)», mais constate qu’«aucune vision économique n’a émergé pour remplacer l’ancienne vision vouée à l’échec». Que «les mêmes problèmes économiques qui, dans une large mesure, ont (…) déclenché le printemps arabe, restent toujours en place, avec un chômage élevé, notamment pour les jeunes, le sous-emploi et le manque de qualité dans les emplois disponibles, et l’exclusion économique». Et, enfin, qu’«en l’absence d’un succès économique (…), les acquis politiques resteront fragiles» et «la Tunisie fera face à de graves dangers».
Même s’il ne va pas, ainsi que l’ensemble du gouvernement, jusqu’à admettre que la Tunisie soit en aussi délicate position, le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale déclare que notre pays «a du chemin à faire» en matière d’environnement des affaires, en général, et de liberté économique, en particulier. «Elle accuse un retard dans ce domaine, par rapport aux avancées politiques. Elle devrait offrir un environnement beaucoup plus favorable aux investisseurs», admet M. Laadhari. Et à cet effet, le rapport de l’Institut Fraser «sera d’une grande utilité», concède-t-il. Mais il a pris la précaution d’avertir que «nous pouvons ne pas partager toute la réflexion, avoir quelques points à nuancer ou à approfondir».
MM