Grâce au lancement d’une nouvelle ligne maritime qui relie directement le port tunisien de Radès et celui de Qingdao en Chine, la Tunisie pourrait représenter, selon les autorités tunisiennes et des investisseurs étrangers installés en Tunisie, un fort potentiel pour la présence de l’économie chinoise dans le continent africain, de même pour l’économie tunisienne qui espère récupérer son positionnement régional.
Installée depuis 17 ans en Tunisie et se voulant la première compagnie étrangère du transport maritime dans ce pays nord-africain, la compagnie espagnole Transglory vient d’inaugurer une nouvelle ligne de commerce maritime à l’importation au sein du port chinois de Qingdao comme étant une ligne directe hebdomadaire au port tunisien de Radès, situé dans la banlieue nord de la capitale Tunis.
L’import et l’export depuis et envers cette destination chinoise viennent consolider des services similaires à partir d’autres ports, selon le chef du département de développement à Transglory, Louis Florensa, dans une interview accordée à Xinhua. “Notre principal pari, désormais rempli, est d’être le partenaire préférentiel des importateurs tunisiens avec, à présent, quatre services hebdomadaires depuis Hong Kong, Ningbo et deux autres depuis Shanghai”, a-t-il précisé.
Il a ajouté que le marché chinois est en train de se retracer. “C’est le moment de prouver que nous sommes capables de répondre à ses demandes encore mieux que jamais, et c’est dans ce sens que nous lançons ce nouveau service de groupage direct depuis Qingdao“.
En réaction au lancement de cette nouvelle ligne, le directeur du commerce extérieur au ministère tunisien du Commerce, Khaled Ben Abdallah, pense que la rentabilité de pareille ligne pourrait “générer une plateforme commerciale triangulaire reliant la Chine, l’Est de l’Afrique et la Tunisie, d’où l’impératif d’une exploitation optimale de cette ligne maritime”.
Ben Abdallah estime que cette ligne devrait converger vers les services, connus pour être l’un des vecteurs de l’économie tunisienne, dont la santé, le tourisme, l’équipement et les technologies de l’information et de la communication.
Jusqu’à fin octobre dernier, le déficit commercial de la Tunisie s’est établi à près de 13,211 milliards de dinars (un dinar vaut environ 0,4 dollar), contre 10,781 milliards de dinars durant la même période en 2016, selon l’Institut national de statistiques (INS) de Tunisie.
Les importations ont atteint 40,851 milliards de dinars, alors que les exportations se situaient à 27,640 milliards de dinars, a précisé l’INS dans un rapport publié récemment.
“Ce déficit se manifeste, essentiellement, dans la nature des produits les plus importés partant sur l’énergie, les matières premières et demi-produits, sans oublier les biens de consommation avec des croissances respectives de 109,6%, 21,9% et 14,9%”, a révélé à Xinhua M. Ben Abdallah.
Le solde déficitaire de la balance commerciale résulte du déficit enregistré avec certains des principaux partenaires de la Tunisie dont la Chine, l’Italie et la Turquie lesquels détiennent à eux seuls presque 50% du déficit commercial de la Tunisie. Avec la Chine, le déficit est de l’ordre de 3,638 milliards de dinars, toujours selon l’INS de Tunisie.
“Sur les dix premiers mois de cette année, on a pu constater une aggravation du déficit commercial avec la Chine d’environ 486,8 millions de dinars”, a confié M. Ben Abdallah.
L’instauration d’une logistique adéquate pouvant relier économiquement la Tunisie et la Chine, M. Ben Abdallah estime que cette ligne maritime entre les deux pays pourrait couler dans le vif de l’initiative chinoise “la Ceinture et la Route” qui “donnera accès à une certaine co-action de la Tunisie dans sa dimension africaine”.
Par rapport à l’Afrique subsaharienne qui se veut un groupement à fort potentiel avec une croissance importante, “la Tunisie reste encore un écosystème restreint pour l’expansion des échanges d’une puissance économique émergente comme la Chine. Toutefois, la stabilité politique, la sécurité ainsi qu’une stratégie à long-terme en cours d’élaboration sont déjà là pour augurer d’un avenir fructueux entre la Tunisie et la Chine en matière d’échanges commerciaux et partenariat économique global”, espère Ben Abdallah.
Pour le moment, a-t-il conclu, force sera de “promouvoir davantage nos exportations, inciter les investisseurs étrangers via des mesures d’accompagnement, structurer le système bancaire, réviser la législation en relation avec le commerce extérieur et surtout rompre avec la double concentration géographique des activités économiques.