Les études de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES) ont révélé que les banques tunisiennes sont incapables de jouer leur rôle dans le financement de l’économie et que leur contribution reste en deçà des moyennes enregistrées dans les pays similaires, à l’instar de la Jordanie et du Maroc.
L’Institut a indiqué, au cours d’une conférence, tenue récemment à Dar Dhiafa à Carthage, sur “la banque de demain et les nouveaux enjeux pour la modernisation du secteur et les risques stratégiques du secteur bancaire tunisien”, que les banques tunisiennes se caractérisent par une mauvaise répartition des crédits, ce qui a engendré une augmentation du taux de créances classées, notamment dans les banques publiques et une politique de crédit excluant parfois les très petites entreprises (TPE) et les petites et moyennes entreprises (PME) alors que ces entreprises contribuent à hauteur de 40% au PIB.
Les rapports ont également fait ressortir que l’Etat doit avoir un secteur bancaire solide répondant aux besoins des PME, accompagnant les entreprises sur les marchés extérieurs, d’une part, et innovateur de l’autre.
Le secteur a, en outre, besoin d’innovation afin de pouvoir s’aligner sur les normes internationales en matière de gouvernance.
Dans ce cadre, le président de l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (ATPBEF), Ahmed Karm a déclaré que le secteur bancaire est dans une passe difficile se caractérisant par l’absence de liquidités, soulignant qu'”en dépit de la conjoncture économique difficile que le pays connaît depuis 2011, les banques tunisiennes ont prouvé leur résilience face à l’augmentation de plusieurs risques, tels que les risques de crédits et de liquidités ainsi que ceux du blanchiment d’argent, du risque de change et du taux d’intérêt”.
Karm a appelé le gouvernement a activer la mise en oeuvre des textes d’application relatifs à l’amélioration de l’environnement bancaire et à instituer des réformes afin de conférer davantage d’efficience à l’appareil législatif afin que les créanciers se sentent mieux protégés.
Il a, également, exprimé sa préoccupation s’agissant des impôts, indiquant: “nous sommes pour le paiement des impôts et taxes mais suivant des critères garantissant l’équité fiscale”, critiquant la suppression de la taxe exceptionnelle sur tous les opérateurs à l’exception des banques.
Le responsable a recommandé de faciliter les mesures qui contribuent à la numérisation des banques afin d’un retour aux normes internationales de la qualité, relevant que les banques tunisiennes sont confrontées à un ensemble de défis pour faire face à la “révolution numérique” et “la banque de demain” auxquelles s’apprête le secteur bancaire international et devant permettre d’améliorer le rendement des actions de 8 à 10 points.
Et de poursuivre que 40% des transactions dans le système bancaire se feront immatériellement au cours de la prochaine décennie.
Concernant la privatisation des banques Karm a fait remarquer que “les banques publiques sont une charge pour l’Etat”, indiquant que le gouvernement a préparé un dossier relatif à la privatisation des banques, à travers la création de structures qui fonctionneront en tant que bras financier de l’Etat, notamment la Caisse des dépôts et consignations (CDC) à laquelle ont été consacrés des crédits importants qui seront dirigés vers les secteurs prioritaires, outre la banque tunisienne de solidarité (BTS) et la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME).