Les députés continuent de critiquer le projet de la Loi de finances 2018. En effet, lors du débat sur ce projet de loi, la plupart d’entre eux ont estimé qu’il s’agit plutôt d’un “instrument de mobilisation de ressources financière” et “d’un simple calcul” pour couvrir les dépenses de l’Etat, allant jusqu’à dire que le projet de loi consacre “l’Etat fiscal” et non l’équité fiscale.
Dans ce cadre, ils estimes que les scénarios adoptés dans la LF 2018 sont faux, notamment le taux de croissance (3%) et le prix du baril de pétrole à 54 dollars, sur la base duquel a été élaboré le projet de loi, estimant que ces scénarios ouvrent déjà la voie à une éventuelle loi de finances complémentaire.
Ainsi, le député Ahmed Seddik (Front populaire) a indiqué que cette loi est unique, au vu des mesures fiscales qu’elle propose, ainsi qu’aux mesures d’augmentation des prix de l’électricité, du gaz, de transport public et des hydrocarbures. “Cette loi vient payer la facture des mauvaises politiques adoptées avant et après la révolution”, a-t-il noté.
D’après lui, cette loi comporte des mesures qui ne feront qu’entraver les moteurs de la croissance: l’investissement, la consommation et l’exportation, faisant remarquer que son parti va présenter des propositions pour l’ajustement des mesures de mobilisation de ressources, sans toucher aux catégories vulnérables de la société.
Quand au député Ibrahim Ben Saïd, il estime que les mesures visant à limiter les importations ne seraient pas porteuses, étant donné qu’elles ciblent les petits importateurs.
Pour étayer ses dires, il cite les contrats de franchise qui ne cessent d’accroître au détriment des industriels tunisiens, notamment ceux opérant dans le secteur du textile.
Ramzi Ben Fredj a évoqué les mesures de l’article 36, qui a été proposé par le ministère de Finances concernant l’instauration de taxes sur les produits importés de la Turquie: “les produits concernés par cette mesure sont essentiellement des matières primaires et produits semi-manufacturés qui sont fortement demandés par les sociétés industrielles tunisiennes”.
Imed Daimi critique, lui, l’absence de vision ou de stratégie claire (dans cette loi) adaptée à la conjoncture actuelle et aux objectifs de développement du pays. “Ce projet n’est pas sérieux puisqu’il se base sur des hypothèses non sérieuses”, souligne-t-il, rappelant que la simple hausse du prix de baril de pétrole de 1 dollar peut entraîner une augmentation au niveau des dépenses de compensation de 121 millions de dinars.
Dans le même contexte, il a indiqué que prévoir un accroissement de 12% de l’investissement exige l’instauration d’un climat approprié aux affaires, une stabilité du système fiscal et une stabilité politique, ainsi que l’impulsion des exportations.
Pour sa part, le député Tarek Ftiti estime que le projet de la LF 2018, en dépit de quelques points positifs qu’il contient, comporte plusieurs failles, dont le blocage de recrutements dans la fonction publique. D’après lui, l’abandon de l’Etat de son rôle d’employeur, notamment dans les deux secteurs de la santé publique et de l’éducation, constitue “un crime contre les Tunisiens et surtout ceux vivant dans les régions intérieures”.
Marouan Felfel a fait part de son doute concernant l’aptitude de cette loi à appuyer une réforme profonde de la finance publique, soulignant la nécessité d’assurer la stabilité des politiques fiscales, développer la compétitivité des entreprises industrielles, lutter contre la pression fiscale et rationaliser les dépenses publiques.