En ouverture de la 32ème édition des Journées de l’entreprise (8 et 9 décembre 2017 à Sousse, le ton a été donné par Ahmed Bouzguenda, président de l’IACE, pour qui le pays aborde le tournant de la décentralisation, et c’est l’épreuve du destin, la mère des batailles pour le processus démocratique. Le sort de la jeune démocratie tunisienne dépendra de la qualité de ce finish.
La centralité du pouvoir… “forget It“
L’Etat de l’indépendance courait derrière un objectif prioritaire d’entre tous: l’unité nationale. C’est ce qui devait donner corps au projet national. La centralisation était la pierre angulaire de ce projet. La centralité a été la colonne vertébrale de l’Etat national. Au fil du temps, elle a échoué dans l’exercice de la croissance inclusive, de la proximité avec le citoyen et, d’une manière générale, dans la cohésion populaire. Elle a fait son temps, dira le président de l’IACE.
La décentralisation, une orientation universelle
Ahmed Bouzguenda soutient que la décentralisation est devenue un phénomène universel, perçu comme le levier de la généralisation du fait démocratique dans le quotidien du citoyen. Quel autre raccourci prendre si l’on veut cultiver la proximité avec le citoyen ? C’est donc un gage de liberté, l’efficacité du service public en prime.
Entreprise et décentralisation : Relever le niveau des chaînes de valeur locales
Cependant, il est permis de s’interroger sur le rapport de l’entreprise à la décentralisation, estime le président de l’Institut arabe des chefs d’entreprise, Ahmed Bouzguenda. La réalité est que c’est une relation dialectique. La décentralisation est un vaste projet à trois composantes : politique, sociale mais aussi économique. L’entreprise s’invite, de ce fait au cœur du débat.
A l’évidence, l’économie et le climat des affaires apparaissent comme une priorité suprême dans cette perspective. Et c’est dans ce sillage que le relèvement de la qualité du service public trouve toute sa raison. L’une des finalités du process serait de relever le niveau de qualité des chaînes de valeur locales, et il ne s’agit pas du moindre des défis qui guettent la Tunisie dans sa route vers la démocratie locale.
Les préalables à la décentralisation
La décentralisation a un coût, dira, avec une pointe de malice, Ahmed Bouzguenda, et l’IACE a apporté son obole au projet. Un programme pilote d’évaluation est lancé sur trois régions, à savoir les gouvernorats de Sousse, Zaghouan et Bizerte.
Cependant, la décentralisation ne saurait aller sans une certaine fragmentation de la vision économique. Et une des difficultés majeures est de trouver la façon de décliner la vision sectorielle sur une économie régionale encore peu consciente de son autonomie.
Allez-vous vers une refondation de l’administration ?
En conclusion de son speech d’ouverture, Ahmed Bouzguenda rappellera que, pour être en phase avec la réalité locale, tout doit être reconfiguré à l’échelle de l’environnement local -dont la formation professionnelle- pour tenir compte des réalités du marché local de l’emploi.
Il se tournera vers Youssef Chahed, le chef du gouvernement, et lui dira, sans le dire tout à fait mais en l’apostrophant avec une délicate ellipse: comment allons-nous refonder notre administration? La question s’adressait, visiblement, bien au chef du gouvernement lequel y répondra avec une certaine habileté politique et tout en nuance mais avec beaucoup de courage.