Des corps meurtris et fatigués en quête d’amour et de liberté se débattent sur scène pour garder l’espoir pour une vie meilleure. C’est ainsi que le chorégraphe burkinabé Salia Sanou dans son spectacle “Du Désir d’horizons”, qui a marqué, vendredi, l’ouverture des Journées théâtrales de Carthage (JTC), a voulu parler de l’état des réfugiés maliens dans les camps du Burundi et du Burkina Faso.
Avec des mouvements répétitifs, accompagnés de la musique du compositeur tunisien Amine Bouhafa, les six danseurs explorent d’une manière individuelle ou collective le déracinement intérieur et corporel du réfugié.
Les éléments de décor principaux de la pièce, les lits des camps de réfugiés suivent le voyage intérieur des danseurs au fil du spectacle. Symbole des frontières, lieux d’emprisonnement et d’absence de perspectives, simples lits superposés accueillant des corps fatigués, les lits des camps de réfugiés reflètent à la fois la misère de l’exil et le combat des réfugiés pour un “horizon” meilleur.
Explorer l’exil à travers le mouvement des corps, les danseurs seuls ou en couple expérimentent différents mouvements accompagnés par des textes extraits de “Limbes/Limbo, un hommage à Samuel Beckett”, de Nancy Huston. Le texte est ainsi un moyen pour illustrer le vide, l’absence de perspective, la mort, l’oubli mais aussi la quête d’amour.
Dans une déclaration à l’agence TAP, Salia Sanou, chorégraphe et danseur burkinabé a indiqué que le spectacle est le fruit d’ateliers de danse organisés dans les camps de réfugiés maliens du Burundi et du Burkina Faso, précisant, à ce propos, que son pays a accueilli depuis la crise malienne, 46 mille réfugiés maliens.
“Le spectacle met en scène la détresse, la misère des corps humains qui ont perdu leur dignité mais aussi l’espoir d’un avenir meilleur” a souligné Sanou, en mentionnant que les ateliers de danse dans les camps de réfugiés étaient une occasion de partage et d’émotion avec les migrants.
De l’espoir, de l’amour et de la joie, la fin du spectacle “Du Désir d’horizons” se veut une ode à la vie malgré la douleur. Ainsi, au rythme du sirtaki et de la danse africaine, les danseurs ont su transporté un public vers un désir d’une vie meilleure grâce à l’art, la danse et la musique.