80% des 215 700 enfants tunisiens occupés économiquement sont impliqués dans un travail à abolir, selon les résultats de la première enquête nationale sur le travail des enfants 2017 dont les résultats ont été publiés, mardi, lors d’un atelier de travail organisé à Tunis.
Selon l’enquête, environ 78 % des enfants tunisiens occupés économiquement font des travaux dangereux (la Tunisie compte 2 273 200 enfants âgés de 5 à 17 ans).
L’enquête, élaborée en collaboration entre le ministère des affaires sociales, l’institut national de la statistique (INS) et le bureau international de travail BIT, a noté que la proportion des enfants occupés économiquement augmente quand l’âge croit et en passant du groupe d’âge 5-12 ans au groupe 16-17 ans, elle se multiplie, par quatre, passant de 5,4 % à 20,7 %. Cette constatation est vraie pour les garçons et pour les filles, selon l’enquête.
La proportion des garçons occupés économiquement est plus élevée que celle des filles quel que soit l’âge, et l’écart entre ces deux indicateurs croit avec l’âge, pour atteindre un maximum de 7,5 points entre 16 et 17 ans. Il est à souligner que cette enquête qui est la première du genre en Tunisie, a couvert un échantillon de 12 720 ménages, soit 9 400 enfants âges de 5 à 17 ans et a permis d’avoir des désagrégations par sexe et par milieu de résidence.
Outre le genre, la disparité des proportions est reliée au milieu de vie des enfants. Le milieu non communal enregistre des proportions des enfants économiquement occupés très élevés par rapport au milieu communal. Pour le groupe d’âge 5-12 ans, où toute forme de travail est interdite, cette proportion s’élève à 11,9%, soit 58 400 enfants.
Au niveau régional, une forte disparité des proportions de ces enfants a été enregistrée, elle va du simple à 12 fois (de 2,4 % au sud – ouest contre 29,8 % au centre ouest) soit un écart de 27,4 points. La proportion des enfants économiquement occupés enregistrés dans les districts donnant sur la façade maritime, du Nord au Sud du pays, et le Sud, ne dépasse pas la moyenne nationale (9,5 %).
En relation avec le taux de scolarisation, l’enquête a révélé que les proportions des enfants occupés économiquement augmentent proportionnellement avec les taux de déscolarisation, soulignant que dans les différents groupes d’âge, les filles poursuivent leurs études avec des proportions plus élevées que celles des garçons.
La proportion des enfants qui fréquentent l’école et sont économiquement occupés s’élève à 7,4 % alors que celle des enfants qui sont économiquement occupés seulement est de 2,9 %. (Le taux de scolarisation des enfants de 6-17 ans en milieu non communal est de 89,6 % et au milieu communal est de 95,8 %), selon ces mêmes résultats.
En ce qui concerne les caractéristiques du travail des enfants, l’enquête a précisé que sur un nombre des enfants économiquement occupés, 48,8 % travaillent dans l’agriculture, l’élevage et la pêche. Outre ces branches d’activité, le commerce (20,2 %) et l’industrie manufacturière (10,9 %) constituent le second groupe d’activités économiques pour les enfants.
L’enquête a précisé que bien qu’elles ne soient pas considérées comme des activités économiques, les tâches ménagères effectuées par les enfants, les filles notamment, ont des répercussions négatives sur la fréquentation scolaire et la santé en raison du temps considérable qui leur est réservé.