On dit toujours que la première étape dans la résolution d’un problème est de faire reconnaître qu’il y en a un. C’est cette vertu cardinale qui a conduit à la création de la Fédération tunisienne du textile et de l’habillement (FTTH). Durant ces dernières années, le secteur du textile et de l’habillement n’a cessé de perdre du terrain. Ce secteur qui, il n’y a pas si longtemps, constituait la locomotive du développement économique du pays, n’a pas bénéficié du soutien tant attendu des pouvoirs publics pour faire face aux multiples défis qu’il affronte depuis au moins une décennie.
Il a subi de plein fouet le recul de la croissance économique mondiale né de la crise financière internationale de 2008. Il a subi de plein fouet les conséquences de la révolte de janvier 2011 et le climat d’incertitudes politiques, d’instabilités sociales et d’errements dans les choix de politiques économiques qui ont prévalu.
Les chefs d’entreprise du textile-habillement ont pris conscience qu’ils n’étaient plus audibles parce que leur relais de représentation ne les écoutaient plus et, partant, ne pouvait plus être leur porte-voix ni auprès des décideurs politiques afin qu’ils freinent leurs appétences fiscales, ni auprès des partenaires syndicaux pour qu’ils modèrent leurs revendications sociales, ni auprès des acteurs financiers pour qu’ils assouplissent leurs conditions de financement. Ils ont constamment espéré un renversement de cette situation. Mais en vain.
Le point de non retour a été atteint en mars dernier avec la signature par l’UTICA, leur organe de représentation, des salaires dans le secteur privé. Ce fut la goutte qui a fait déborder le vase. Ce fut aussi et surtout aussi l’élément déclencheur d’une reprise en main de la destinée du secteur par ses propres acteurs. C’est cela qui explique le rassemblement spontané des industriels du textile-habillement au lendemain de l’accord d’augmentation salarial dans le secteur privé entre l’UTICA et l’UGTT et le démarrage d’un processus qui aboutira, en mai 2017, au Congrès fondateur de la Fédération tunisienne du textile et de l’habillement.
Le Congrès électif du 17 décembre dernier est venu consacrer l’autonomie et l’indépendance de la structure de représentation du secteur. Ce Congrès est également venu consacrer une nouvelle gouvernance par une représentativité adéquate de son organe de décision qu’est le Conseil national et de son organe de management qu’est le Bureau exécutif.
Ainsi, a-t-on eu le souci de faire représenter au sein de ces deux organes toutes les régions, toutes les activités de la filière (filature, tissage, bonneterie, confection) et toutes les tailles d’entreprises (TPE, PME et Grandes entreprise). En tout cas, d’ores et déjà, la FTTH est fière de compter en son sein près de 800 adhérents, soit près de la moitié des entreprises du textile-habillement du pays. En termes d’emploi, c’est environ 75% des emplois du secteur. Ce poids donne la Fédération la vocation d’être un interlocuteur incontournable sur tout ce qui engage l’avenir du secteur.
L’avenir, c’est à cela que s’attelle désormais la FTTH. Ses organes dirigeants s’y sont d’ailleurs investis avec détermination bien avant le Congrès électif. C’est grâce à la pression
de la FTTH que le secteur a pu obtenir une révision du calendrier des augmentations salariales et du report de nouvelles négociations salariales à l’année 2019. C’est grâce à la FTTH que les banques ont accepté d’inclure les résultats du premier trimestre 2017 des entreprises du secteur sollicitant une reconsolidation de leurs échéances de dette et une prorogation des délais de demande dans ce sens au jusqu’à la fin de l’année 2017. C’est dans cette perspective que s’inscrit d’ailleurs le programme d’action à venir de la
Fédération, vis-à-vis du gouvernement, de l’UGTT et aussi de l’UTICA.
Vis-à-vis du gouvernement, la FTTH se positionne en soutien à l’action du gouvernement dans sa lutte contre la fraude et la corruption qui font le lit du secteur informel et de l’économie souterraine. Néanmoins, on attend du gouvernement qu’il prête une oreille attentive aux doléances du secteur, à ses avis et ses propositions comme il l’a fait au printemps dernier en annonçant une batterie de mesure en faveur du secteur qu’il reste par ailleurs à matérialiser rapidement sur le terrain.
La FTTH par souci patriote s’inscrit dans une dynamique de relance économique notamment par l’investissement, la promotion de l’exportation pour participer à l’effort de redressement de la balance commerciale et à la création de nouveaux postes d’emplois. Vis-à-vis de l’UGTT, la FTTH considère qu’il convient de revoir le modèle de relation avec le partenaire syndicale, de le persuader sinon le convaincre de sa coresponsabilité dans la pérennité des entreprises industrielles du textile-habillement du pays et généralement des entreprises industrielles. Tenant compte de la nature manufacturière du secteur, il est du devoir des deux parties d’améliorer la situation des employés sans oublier l’amélioration de la compétitivité des entreprises.
Vis-à-vis de l’UTICA, la FTTH se considère partie intégrante de la grande famille patronale et s’attèle à installer une étroite collaboration avec la centrale patronale notamment sur les problématiques transversales de l’industrie. C’est dans ce sens que les membres du bureau exécutif ont entrepris de proposer à l’UTICA un protocole de collaboration et de partenariat visant à sceller une relation durable entre les deux parties.
Aujourd’hui, il ne s’agit plus de ressasser les difficultés et les obstacles du secteur mais de les résoudre et les surmonter. Les Textiliens ont la capacité d’affronter la concurrence pour peu que celle-ci ne soit pas biaisée par des mesures anachroniques. Le secteur a le potentiel suffisant pour repartir de l’avant, reprendre ses parts perdues de marché et même de gagner de nouvelles positions de marché, surtout extérieurs.
La FTTH en appelle à la bonne volonté de tous les industriels du secteur pour s’inscrire dans ce renouveau économique qu’elle est en train d’entreprendre au profit du textile et du pays en général.