“Les industries du textile et de l’habillement demeurent un secteur clé de l’industrie manufacturière et l’un des leviers de la croissance économique, néanmoins les industriels doivent opter pour des choix stratégiques judicieux (remontée de filière et innovation) ainsi que pour la recherche d’un nouveau marché, celui des textiles techniques”. C’est ce qui ressort d’une étude récemment publiée par le Centre de documentation et de l’information industrielle, relevant de l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (APII).
Les auteurs de cette étude ont précisé que l’une des déficience du secteur des ITH demeure, ” dans la dépendance en termes de matières premières et l’amont textile en général, ce qui complique la migration du secteur de la sous-traitance vers la cotraitance et le produit fini. Cette réticence dans l’investissement de l’amont textile (filage, Tissage,…) découle du fait que ce type d’investissement exige des immobilisations importantes de capitaux alors que la rentabilité est à long terme. Cependant, les entrepreneurs du secteur ont favorisé la rentabilité facile, en choisissant le rôle du sous-traitant en habillement.
Le secteur du textile et de l’habillement compte aujourd’hui 1.672 entreprises, employant 10 personnes et plus, totalisant 161.425 emplois, soit 30% des entreprises actives et 33% du total de la main d’œuvre industrielle alors qu’il avait occupé jusqu’aux années 90, la 1ère place dans l’industrie manufacturière (avec 50% des entreprises, 50% du total des emplois et presque 50% des exportations).
Il demeure néanmoins le 2ème principal secteur de l’industrie manufacturière nationale en termes d’exportation ( 20,4% en 2016). Le secteur a importé près de 78,7% de ce qu’il a exporté en 2016. La particularité de ce secteur c’est qu’il a toujours enregistré un solde commercial positif même au cours des années les plus difficiles.
Au niveau de ce secteur, les activités couvrant la conception, le prototypage, l’approvisionnement, la distribution et la commercialisation ne sont pas très développées et peu d’entreprises sont expérimentées dans ces activités. Cette faiblesse au niveau de certaines activités affecte négativement, la compétitivité du secteur des ITH, qui ne peut offrir une chaîne de valeur verticalement intégrée qui facilite le passage à la cotraitance et au produit fini à haute valeur ajoutée, pour pouvoir résister à la concurrence et aux changements du marché mondial.
D’après cette étude, “les industries du textile et de l’habillement sont très hétérogènes et ils sont tirées par trois grandes classes d’utilisations : habillement, ameublement et industriel. La Tunisie est relativement moins compétitive sur les marchés de l’habillement et de l’Ameublement qui sont très concurrentiels, alors que le textile à usage industriel (les textiles techniques) est un marché potentiel pour les entreprises nationales du secteur, étant donné qu’il s’agit d’une activité à forte valeur ajoutée et d’un marché en expansion avec une croissance rapide de la demande mondiale. En outre, cette activité peut susciter des effets d’entraînement sur d’autres secteurs de l’industrie manufacturière (automobiles, aéronautique,…), ce qui peut aller jusqu’à la formation de clusters”.
D’un autre côté, la dérive vers la consommation des produits importés de la part des tunisiens et l’émergence de marchés informels ont déclenché une croissance exponentielle de la consommation qui n’est pas productive pour l’économie nationale.
L’étude pointe encore, l’augmentation au niveau de la masse salariale, ainsi que les grèves et les arrêts fréquents du travail ayant un impact préjudiciable sur la rente du producteur et sur sa compétitivité. Pour faire face à ce manque à gagner, le producteur est obligé soit d’augmenter les prix ou de fermer et les deux solutions ont des effets économiques néfastes. La hausse des prix accentue l’inflation et la fermeture est synonyme de hausse du taux de chômage (un cercle vicieux) …