Dimanche 24 décembre, onze heures passées de 10 minutes, à la boulangerie “Au Paradis du Gourmand”, sise 156, rue Raymond Losserand dans le 14ème arrondissement de Paris, le titulaire du premier prix de la “Meilleure baguette de Paris”, le Tunisien Ridha Khader s’apprête à livrer le pain à l’Elysée.
“Nous ouvrons exceptionnellement ce dimanche, car c’est la veille de Noël, nous devons approvisionner l’Elysée et répondre aux commandes des clients qui célèbrent ce soir la fête de Noël”, déclare le fournisseur officiel de l’Elysée, Ridha Khader, tout en chargeant des sacs en papier de variétés de pains ronds.
“C’est la deuxième livraison de la journée après celle du matin, composée de viennoiseries et de trois variétés de pains : pain aux fruits, pain à la figue et pain sportif “, ajoute Ridha, fier. En voiture, le célèbre boulanger tunisien conduit jusqu’au Palais de l’Elysée, au 55, rue du Faubourg Saint-Honoré dans le 8ème arrondissement de Paris. Les agents de sécurité lui ouvrent le chemin pour se garer devant l’entrée principale du palais. “Il faut livrer le pain, encore une fois, vers 14 heures”, souligne Ridha Khader qui regagne sa voiture énergiquement.
Très dynamique, souriant, le fournisseur récolte les prix l’un après l’autre. Il a obtenu, en 2017, le 3ème prix de la meilleure galette des ouvriers de l’Ile de France, et ce après celui de la Banette d’or, en 2016.
Dévouement et passion
Ce n’est pas par hasard que Ridha Khader a réussi à graver un nom parmi les professionnels à Paris. La persévérance, le dévouement et la passion du métier sont ses maîtres mots. Il est l’exemple type d’un jeune tunisien bien intégré et qui a réussi sa vie en France.
“L’histoire et le personnage de Ridha Khader est digne d’une fable de la Fontaine, “La baguette du Parisien et l’immigré Tunisien”, un véritable conte de fées”, écrit le président fondateur de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED), Jean-Louis Guigou, dans la préface du livre “La Baguette de la République”, publié en décembre 2017.
Co-écrit avec Naïma Guerziz, le livre bibliographique de Ridha Khader raconte “l’extraordinaire destin d’un immigré devenu le boulanger le plus populaire de Paris”. Composé de 22 chapitres, l’ouvrage retrace le vécu du jeune tunisien qui a débarqué en France en 1986.
“Je n’avais que 15 ans. J’étais adolescent. Le début était difficile pour moi. Je voulais rentrer au pays, je n’ai pas supporté le rythme de travail dans la boulangerie de mon frère Ali”, raconte Ridha.
“J’appelais chaque semaine ma mère pour lui dire que je rentre en Tunisie, mais elle m’encourageait à rester, à aller plus loin dans mon travail et ma carrière”, se rappelle le boulanger, manifestant sa gratitude envers sa mère à laquelle il doit sa réussite.
Ridha ne s’arrête pas de raconter son histoire, son succès. Parallèlement, l’activité ne s’arrête pas à son “Paradis du Gourmand”. Les clients sont nombreux. Ils se succèdent l’un après l’autre pour récupérer leurs commandes : bûches de Noël, pain surprise, petits fours et bien sûr, acheter une des meilleures baguettes de Paris.
L’actrice et animatrice de télé, Valérie Damidot, est une de ses clientes fidèles. “Il est le meilleur”, déclare-t-elle à l’agence TAP.
Fournisseur de Matignon
Le fournisseur de l’Elysée, de Matignon et d’autres ministères enchaîne les succès depuis des années. Il a ouvert des franchises dans plusieurs pays dont le Qatar, et prévoit de “lancer un projet au Brésil avec le joueur international Ronaldo”, déclare-t-il.
Il rêve de transférer son savoir-faire aux jeunes tunisiens en créant un centre de formation dans le métier de boulangerie. “Car, malheureusement, ce métier est sous-estimé par nos jeunes qui peinent à trouver un emploi et qui n’ont qu’un seul objectif : immigrer de manière irrégulière”, se désole Ridha.
“La leçon est simple à tirer : au moment où certains jeunes perdent la tête et versent dans la haine… l’exemplarité de la vie personnelle et la réussite professionnelle de Ridha Khader méritent notre respect et notre admiration”, conclut le président de l’IPEMED, Jean-Louis Guigou dans la préface de la “Baguette de la République”.