La volatilité de la situation politique et l’instabilité que vit la Tunisie ont affecté la structure interne et externe de ses ressources financières ainsi que de ses équilibres.
le dinar s’est déprécié par rapport à l’euro/dollar de 61,2% depuis 2011
Ainsi, la dette publique a dépassé trois fois la valeur de l’épargne en devises (12,325 milliards de dinars, 90 jours d’importation) et le dinar s’est déprécié par rapport à l’euro/dollar de 61,2% depuis 2011. En outre, ses notations souveraines en général ont été impactées par les fréquentes fluctuations économiques et par un déficit commercial de 14,1 milliards de dinars, soit une augmentation de 55,3% au cours des six dernières années.
En particulier, l’année 2015 a vu une aggravation du déficit du budget de l’Etat de 6,2% du PIB et une croissance très précaire, accompagnée d’une détérioration des indicateurs de l’emploi et des données liées à l’amélioration globale de la qualité de vie.
En dépit de la tenue d’une grande conférence internationale sur l’investissement en novembre 2016, la plupart des promesses dans le domaine de l’investissement n’a pas été réalisée, en raison des inquiétudes persistantes concernant les procédures bureaucratiques et le manque de vision en matière de changes, sauf que le lancement d’une grande campagne de lutte contre la corruption a permis d’améliorer l’image de la Tunisie dans le cadre du renforcement de la transparence et de la lutte contre la criminalité financière dans toutes ses formes, a fait remarquer Mourad Hattab.
Les années des faibles indicateurs financiers
La plupart des données de la Banque centrale de Tunisie (BCT), du ministère des Finances et de l’Institut national de la statistique (INS) révèlent que les années post-révolution (10 décembre 2010-14 janvier 2011) ont été marquées par une récession de plusieurs secteurs créateurs de valeur ajoutée, principalement le secteur industriel ainsi que par une aggravation du déficit de la balance des paiements (8% du PIB).
Les mêmes informations indiquent que les dépenses de la finance publique sont en hausse continue au détriment des ressources, vu la baisse des recettes fiscales et l’augmentation du service de la dette extérieure à un taux annuel moyen de 43%, selon le ministère des finances. Ainsi, les recettes de l’Etat suffisent à peine à payer les dépenses de gestion administrative au détriment des dépenses d’équipement et du remboursement des dettes importantes de l’Etat.
En revanche, les données publiées par l’INS ont montré une forte baisse de l’indice de la production industrielle, ce qui a suscité l’inquiétude des industriels dans les industries manufacturières et non manufacturières ainsi que celles d’extraction. Ainsi, en moyenne, la baisse est de 1,8% annuellement, sachant que l’indicateur général au cours de la période (2015-2017) a augmenté de 0,3%.
Selon l’expert, cet indice a enregistré une baisse accélérée au cours des premières années après 2011, vu la stagnation de l’activité de phosphate et de l’énergie, la concurrence accrue du marché informel aux entreprises, la hausse des prix des matières premières et le phénomène d’importation anarchique des produits industriels.
Si cette tendance se poursuit, le tissu industriel, premier pourvoyeur d’emplois pourrait connaître de grandes difficultés, d’autant plus que ce secteur est une source de valeur ajoutée à hauteur de 17,3% et d’épargne dans la limite de 7,8% annuellement.