“Simplifier les dispositions fiscales inscrites dans la loi de finances, instituer le droit à l’erreur, promulguer des lois de finances triennales stabilisées sur trois ans et faire un benchmark pour s’inspirer des expériences internationales réussies” sont autant de propositions visant à garantir une meilleure cohérence fiscale, formulées, vendredi 5 janvier, par l’expert-comptable Maher Gaida, lors d’une rencontre-débat sur la loi de finances 2018.
Il s’agit également de généraliser les caisses enregistreuses, d’orienter l’administration fiscale vers l’intelligence artificielle et de mettre en place un simulateur fiscal pour mesurer l’ampleur et la portée des mesures à entreprendre…, a ajouté Gaida, qui plaide pour l’implication des experts-comptables dans l’élaboration des textes et réglementations régissant la fiscalité.
Ahmed Mansour: non aux sanctions corporelles
Prenant part à cette rencontre-débat organisée par l’Ordre des experts-comptables de Tunisie (OECT), le président d’honneur de l’Ordre, Ahmed Mansour, a critiqué “les méthodes de gestion des finances publiques et de préparation des lois de finances qui ont souvent conduit à l’impasse”.
“Si les ministres des départements économiques ne font rien pour booster la création de richesses, le ministre des Finances sera contraint de combler l’augmentation substantielle des dépenses à travers le recours à l’impôt”, a-t-il dit, affirmant que “le contribuable tunisien ne peut plus supporter davantage d’imposition”.
Mansour a aussi dénoncé “le caractère répressif de la loi de finances 2018” estimant que “cette loi ne doit pas, dans l’absolu, contenir de sanctions corporelles, lesquelles doivent normalement figurer dans le texte pénal”.
Manque de vision économique
De son côté, le président d’honneur de l’OECT, Moncef Boussannouga Zammouri, a évoqué “l’absence de vision économique qui devrait tracer la trajectoire à emprunter sur le plan économique et fixer les approches à adopter pour créer les richesses et la croissance. Cette absence de vision mène inévitablement, vers des problématiques budgétaires, et partant, vers une explosion des dépenses contre une chute des recettes”.
Privatiser les entreprises opérant dans un marché concurrentiel
Pour sortir de cette spirale, Zammouri recommande de ne pas se fixer des lignes rouges à ne pas franchir, “toute action politique qui peut résoudre les problèmes financiers et économiques du pays doit être favorisée”, a-t-il souligné.
Il a, à cet égard, proposé de “réfléchir à créer des recettes exceptionnelles en privatisant les entreprises opérant dans un marché concurrentiel, d’accélérer la réforme fiscale, d’assurer une visibilité fiscale et de rentabiliser l’administration”.
Prendre au sérieux les difficultés rencontrées par les entreprises
De son côté, le membre du bureau exécutif de l’UTICA, Tawfik Laaribi, a essentiellement déploré l’imposition excessive des entreprises, la complexité de la fiscalité des entreprises, le retard accusé par l’institution de la fonction de conciliateur fiscal, l’augmentation irréfléchie de certains tarifs douaniers…
Il est nécessaire de prendre avec plus de sérieux les difficultés rencontrées par les entreprises et de garantir une meilleure implication de l’organisation patronale dans l’élaboration des textes de lois relatifs à l’investissement et aux entreprises, a-t-il dit.