“La hausse des recrutements dans la fonction publique et les rémunérations excessivement élevées, ont été suivies par un repli de 10% de la productivité de ce secteur entre 2010 et 2015, révèle un rapport élaboré récemment par le Fonds monétaire international (FMI) sur la masse salariale de la fonction publique dans les régions du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale.
“Cette situation a eu des impacts négatifs sur le secteur privé, d’autant plus que les diplômés du supérieur choisissent généralement de travailler dans le secteur public “, souligne le rapport.
S’agissant de la Tunisie, le rapport estime que “la hausse de la masse salariale, depuis 2011, constitue la principale cause de la crise des finances publiques dans le pays “. Et de rappeler que la (masse salariale) a atteint, en 2016, 14,1% du PIB, contre 10% en 2010. ” La masse salariale de la fonction publique en pourcentage du PIB est parmi les plus élevées au monde “, souligne encore le rapport.
Et de rappeler “que les gouvernements successifs ont utilisé les recrutements dans le secteur public comme moyen de répartir la richesse et garantir l’appui politique”. La masse salariale représente 14,4% du PIB , soit les deux tiers des revenus fiscaux et près de la moitié du total des dépenses de l’Etat, indique encore le rapport.
Et d’expliquer cette hausse par les recrutements massifs effectués, au cours des dernières années (depuis 2011/2014). Le nombre de fonctionnaires de l’administration publique est passé de 430 mille à 590 mille, soit une hausse d’environ 35%.
Pour les auteurs du rapport, la deuxième cause de la hausse de la masse salariale est l’augmentation réelle des salaires au cours de la période 2015/2016 après la signature des accords relatifs aux augmentations salariales avec l’UGTT (Union générale tunisienne du travail), dont le dernier couvrant la période 2016/2018.
Cette situation a, par ailleurs, causé une hausse des salaires moyens de la fonction publique de 12% en 2016, soit environ 7 points au-dessus de la moyenne d’inflation.
Le rapport évoque en outre les programmes mis en place par le gouvernement tunisien et visant à réformer l’administration et la fonction publique, outre la maîtrise de la masse salariale aux alentours de 12% du PIB à l’horizon 2020. Il s’agit en outre d’orienter les ressources de l’Etat aux investissements prioritaires.
Le même document explique que la stratégie du gouvernement concernant la réforme de la fonction publique vise à maîtriser les salaires, en liant les hausses (salaires) à celles du taux de croissance, en maîtrisant le nombre de recrutements, outre l’octroi de primes de départ (25 mille fonctionnaires). Ces démarches permettront de réduire la facture de la masse salariale de près de 0.4% du PIB, souligne le rapport.
La stratégie du gouvernement tunisien vise en outre à réformer l’administration dans le sens d’une restructuration des emplois, ce qui permettra de garantir une exploitation optimale des ressources humaines.
L’économie tunisienne fait face actuellement à un taux de chômage élevé et un ralentissement des opportunités de création d’emplois, outre les pressions sociales, indique le rapport qui propose diverses options de réforme. Il s’agit notamment d’améliorer la qualité des services administratifs et renforcer l’investissement public qui peut aider à promouvoir la croissance du secteur privé et à y créer des emplois.