Le Fonds monétaire international (FMI) a souligné que la protection sociale en Tunisie est un pilier fondamental du programme de réformes économiques du gouvernement, financé dans le cadre du mécanisme élargi de crédit “MEDC”.
Dans une note publiée récemment sur son site électronique et comportant des réponses sur les questions clés évoquées par les Tunisiens au sujet des interventions du FMI et leurs impacts sur la situation sociale du pays, le Fonds ajoute que, selon le programme MEDC, le FMI et les autorités suivent de près les dépenses sociales en prenant comme repère un plancher minimum qui est ajusté deux fois par an.
Le FMI précise que le dernier rapport des services du FMI contient un chapitre qui analyse la protection sociale, les retraites et les services de santé, en particulier les options qui permettront de rendre les politiques sociales plus justes et plus efficaces, par exemple en utilisant un identifiant social unique afin de mieux cibler l’aide en faveur des ménages vulnérables.
La publication de ce document coïncide avec les protestations sociales qui ont été observées en Tunisie contre les mesures énoncées dans la loi de finances de l’année 2018 qui nuisent au pouvoir d’achat des citoyens. De nombreuses parties ont considéré que cette situation est le résultat des réformes dictées par le FMI.
Les auteurs de ce document indiquent que le FMI “est pleinement conscient de la difficile situation socioéconomique que traverse le pays et des défis sécuritaires qu’il est constamment appelé à relever, ajoutant que les conseils de politiques de l’institution s’appuient toujours sur l’évolution de la situation du pays.
Evoquant l’impact du prêt approuvé en mai 2016 par le Conseil d’administration du FMI et dont le montant total s’élève à 2,9 milliards de dollars (environ 7 milliards de dinars), l’institution avoue que ce dernier (crédit) entraînera une augmentation à court terme de la dette tunisienne qui se fera à des conditions beaucoup plus favorables que s’il avait été fait appel aux marchés financiers : le taux d’intérêt annuel est de l’ordre de 2% alors que le taux d’une récente émission euro-obligataire de l’Etat tunisien était de 6%.
Au sujet de la dépréciation du dinar tunisien, le FMI a recommandé d’évoluer vers un régime de change plus flexible, qui permet au dinar de réagir au jeu de l’offre et de la demande de devises, précisant que le niveau sans précédent des déficits de la balance des biens et des services souligne la nécessité d’une certaine dépréciation dans le temps et qu’il n’est, toutefois, pas nécessaire de procéder à une correction brutale et “nous n’en avons pas fait la demande”. Selon le FMI, le dinar n’est que légèrement surévalué, actuellement, aux alentours de 10%.
En ce qui concerne l’impact de la masse salariale publique sur la stabilité sociale de la Tunisie, la note a mentionné que la masse salariale de la Tunisie en pourcentage de sa production économique est l’une des plus élevées parmi les pays émergents et ne saurait être soutenable dans le contexte d’une augmentation rapide des niveaux d’endettement. Elle est passée de 10,7% du PIB en 2010 à 14,5% du PIB en 2016, et si les réformes ne sont pas mises en œuvre, la masse salariale se hissera à 15% du PIB en 2018.
Elle représente, en outre, environ 50 % de la totalité des dépenses publiques, réduisant l’espace budgétaire pour l’investissement public et les transferts sociaux. Or, il est vital d’allouer davantage de ressources à ces domaines prioritaires de manière à pouvoir avancer durablement dans l’amélioration des niveaux de vie de tous les Tunisiens, la création d’emplois pour les jeunes et la protection des populations les plus vulnérables, lit-on dans la note.