La Banque africaine de développement (BAD) indique dans un rapport (consultable sur son site web) que le taux de croissance en Tunisie pourrait atteindre 2,8% en 2018 et 3,5% en 2019, mais sous réserve que s’accélèrent les réformes structurelles, qu’il y ait une montée en puissance de l’appareil industriel pour répondre à la demande extérieure, et que s’atténue le caractère cyclique de la croissance du secteur agricole.
“L’atteinte de ces taux sera toutefois conditionnée par la capacité du pays à conforter et poursuivre la croissance de son secteur réel amorcée en 2017, notamment de l’industrie manufacturière et non manufacturière (phosphate, pétrole et gaz), ainsi que des services marchands”, explique la BAD, qui note qu’après deux années de stagnation (2015 et 2016) à 1%, la croissance devrait s’élever à 2,2% en 2017.
Mettant l’accent sur les défaillances de l’économie tunisienne, la BAD a rappelé que, depuis 2011, les finances publiques ont continué à se détériorer et que les progrès des réformes structurelles demeurent limités en raison de la résistance au changement du modèle de développement qui a accompagné l’économie depuis les années 70. Depuis cette date, l’enchaînement des déficits a déprécié le dinar de 104% par rapport au dollar américain.
La Banque a fait état, également, de la détérioration de la sécurité due à la crise libyenne et de la possible résurgence de conflits sociaux liés à la détérioration du pouvoir d’achat.
Accélérer les réformes, réduire les subventions à l’énergie
Afin d’assurer la relance économique en Tunisie, la BAD a recommandé d’accélérer les réformes, notamment la réforme fiscale et la réforme de la fonction publique, dans le dessein de bénéficier de l’appui des partenaires au développement et de la confiance des marchés pour le refinancement de sa dette.
La BAD a préconisé, en outre, de réduire les subventions à l’énergie, qui profitent de manière disproportionnée aux plus riches, et de poursuivre la réforme de la sécurité sociale, afin d’aider à stabiliser les déficits publics et la dette.
“Un autre défi majeur pour les années à venir est de lever les principaux obstacles à la croissance et à la création d’emplois, notamment en simplifiant le cadre réglementaire pour résoudre les problèmes de prêts non productifs et de gouvernance des banques publiques, et ainsi élargir l’accès des petites et moyennes entreprises au financement bancaire”.
La Tunisie pourrait également adopter un plan pour stimuler de nouvelles industries à fort potentiel compétitif, susceptibles d’absorber le vaste réservoir de travailleurs qualifiés sous-employés du pays, a encore noté la Banque Africaine de Développement.
Les réalisations accomplies par la Tunisie
Toutefois, la BAD a mis en valeur les réalisations accomplies par la Tunisie, durant ces dernières années, notamment, la politique de sécurité, instaurée après les attentats de 2015, et qui a clairement porté ses fruits, notamment vis-à-vis du tourisme, ce qui permettra d’améliorer la balance des paiements et de contribuer à stabiliser le dinar.
“La production et les exportations de phosphate ont fortement rebondi, et l’investissement commence à afficher des signes de reprise … La Tunisie continue également, de bénéficier d’un solide appui de la communauté internationale”.
Elle a signalé, aussi, que “la croissance devrait bénéficier de la poursuite de la reprise dans la zone euro, amorcée en 2012, en particulier en Espagne, Allemagne et France, et qui devrait tirer les exportations tunisiennes à la hausse”.
“Enfin, la Tunisie pourrait, également, toucher les dividendes de certaines réformes stratégiques adoptées depuis 2015, telles que la Loi sur les partenariats public-privé et celle sur l’investissement visant à dynamiser le taux d’investissement conformément au Plan stratégique de développement 2016-2020 qui prévoit son augmentation de 19% du PIB en 2016 à 24% en 2020”, selon le rapport de la BAD.