La mise en place d’une structure sous forme de coopérative regroupant les médias audiovisuels et les annonceurs serait la solution pour une meilleure mesure d’audience neutre et indépendante, ont affirmé mardi à Tunis des experts en médias.
En marge du séminaire TAIEX sur les techniques et réglementations européennes régissant le secteur de mesure d’audience et de publicité des médias audiovisuels, qui se tient à Tunis les 23 et 24 janvier 2018, le chercheur en sciences de l’information et de la communication, Sadok Hammami, a expliqué que cette structure se chargerait de l’élaboration des études d’audience ou de la supervision de l’élaboration de ces études.
Qui a la légitimité de faire ces mesures d’audience?
La mesure d’audience en Tunisie soulève de problèmes majeurs liés à l’absence d’un cadre législatif adéquat, la gouvernance du secteur et les méthodologies utilisées. La partie chargée de la mesure d’audience a également un aspect problématique. “Qui a la légitimité de faire ces mesures d’audience?”, s’interroge le chercheur. Citant des expériences étrangères, Sadok Hammami estime que la partie qui se charge de la mesure d’audience doit être indépendante et neutre pour que les résultats soient légitimes et acceptés par la majorité des acteurs.
“Certes, les parties qui élaborent ces études en Tunisie sont des privés mais pas indépendants”, estime-t-il . “Ces organismes sont libres de réaliser les études qu’ils veulent mais au regard des standards internationaux, les résultats de leurs études ne peuvent être considérés comme indépendants et neutres”, argumente-t-il.
Selon le chercheur, la mesure d’audience est cruciale pour l’industrie médiatique. “Une industrie médiatique performante exige la mise en place d’un mécanisme indépendant, neutre et transparent de mesure d’audience”, conclut-il.
Manque de transparence…
Le président de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), Nouri Lajmi, a affirmé la nécessité de mettre en place une structure qui regroupe tous les intervenants du secteur, notamment les médias, les annonceurs et les experts en matière de mesure d’audience, soulignant l’importance de définir les méthodes et techniques scientifiques d’échantillonnage et de mesure d’audience.
Pour lui, le secteur en Tunisie se caractérise par une absence de transparence. La mesure d’audience en Tunisie n’a pas de méthodologie claire qui puisse susciter la confiance de tous les intervenants, a-t-il dit, appelant à la régulation de ce secteur afin de garantir la crédibilité des résultats des études.
Vers un jumelage entre la HAICA et des organisations européennes
Mario Varrenti, représentant de la délégation de l’Union européenne à Tunis, a, pour sa part, expliqué que le TAIEX, dans le cadre duquel est organisé ce séminaire, est un instrument qui permet de mobiliser des experts dans des autorités et institutions homologues au sein des pays de l’UE pour des missions de court terme concernant l’élaboration des études et des séminaires.
Selon Varrenti, un jumelage est également en perspective entre la HAICA et des organisations de l’UE. ” Le jumelage va permettre de mobiliser de l’expertise sur une durée allant de un à trois ans “, explique-t-il soulignant qu’il s’agit d’une prochaine étape complémentaire au programme d’appui aux médias dont la HAICA est partenaire.
Ce premier séminaire organisé par la HAICA en collaboration avec la Commission Européenne a pour objectif d’aider la HAICA à préconiser les meilleures solutions (techniques et juridiques) pour réglementer les mesures d’audience dans le secteur audiovisuel tunisien. Y prennent part, des experts tunisiens et étrangers dans le secteur. Les travaux du séminaire comprennent, entre autres, une projection des expériences d’autres pays dans le domaine dont notamment l’Italie, la Slovénie et la Pologne.