Les pertes des établissements publics entre 2012 et 2015 ont, selon un rapport émanant du gouvernement, dépassé les 2,5 milliards dinars. Ces mêmes entreprises dégageaient en 2010 des bénéfices s’élevant à plus de 1,176 milliard de dinars. Aujourd’hui les établissements publics sont devenus une malédiction pour l’économie nationale tant au niveau de la productivité, de l’indiscipline que du surnombre des effectifs.
La Troïka n’a pas manqué de récompenser tous ses militants, amnistiés ou pas, en les intégrant partout dans les entreprises publiques.
Un exemple éloquent, celui de la STAM (Société tunisienne d’acconage et de manutention) où, du temps d’Abdelkrim Harouni, le nombre des employés est passé du simple au double.
Sans oublier les grèves et les sit-in qui ont massacré des fleurons de l’industrie nationale et des centres de production importants tels la CPG ou les sites pétroliers.
Pour Nafaa Naifer, ancien membre du bureau exécutif de l’UTICA et opérateur privé, il revient aujourd’hui à l’Etat de remettre de l’ordre dans ces établissements, et à la centrale syndicale de respecter les décisions allant dans le sens de protéger les intérêts économiques nationaux.
De quel droit et selon quelle logique l’UGTT se permet-elle donc de décider du sort de ces entreprises? A ma connaissance, aucune “délégation de pouvoir” ne leur a été donnée par les citoyens
«Les participations de l’Etat dans les entreprises publiques appartiennent à l’Etat (et donc indirectement aux citoyens tunisiens), et non à l’UGTT. De quel droit et selon quelle logique l’UGTT se permet-elle donc de décider du sort de ces entreprises? A ma connaissance, aucune “délégation de pouvoir” ne leur a été donnée par les citoyens».
D’un autre côté, explique M. Naifer, si l’UGTT pense qu’elle peut redresser ces entreprises (notamment celles opérant dans les secteurs concurrentiels), qu’elle les rachète, qu’elle les gère elle-même et qu’elle empoche les bénéfices qui seront générés. (Même si l’UGTT a été incapable de gérer convenablement sa compagnie d’assurance et son hôtel).
Poussant plus loin les choses, Nafaa Naifer rappelle que «les contribuables ne sont plus prêts à se saigner encore pour renflouer tous les ans et indéfiniment les caisses de ces sociétés. Ils préfèrent orienter leurs impôts à l’investissement et au service des générations futures.
les contribuables ne sont plus prêts à se saigner encore pour renflouer tous les ans et indéfiniment les caisses de ces sociétés
L’UGTT trace des lignes rouges, décide des réformes qui passent et de celles qui ne passent pas, des mesures qui seront adoptées et de celles qui ne le seront pas, impose dans les faits le statu quo dans tous les secteurs sensibles et stratégiques (éducation, santé, administration, transport, logistique, énergie…), fixe l’évolution des principaux postes de dépenses du budget de l’Etat (masse des salaires en premier) et «suggère» même désormais les mesures de la loi des finances».
Dénonçant la faiblesse du gouvernement élu, «qui ne décide pas de grand-chose finalement», M. Naifer l’appelle à assumer seul la responsabilité des déboires occasionnés par les choix et diktats de l’UGTT et qu’il considère comme une hérésie.
Et pour terminer, il lance un appel à la centrale ouvrière: «si l’UGTT veut gouverner, je lui réitère ma suggestion d’il y a déjà 4 ans : qu’elle constitue un parti politique, qu’elle participe aux élections, et si elle est élue, qu’elle assume la responsabilité de sa gouvernance. Combien de Tunisiens et de politiques pensent la même chose et s’autocensurent pour je ne sais quelle raison? Le temps est venu pour l’UGTT, qui nous est chère, de se remette en cause. Il en va de l’avenir de notre pays».
Si l’UGTT veut gouverner, je lui réitère ma suggestion d’il y a déjà 4 ans : qu’elle constitue un parti politique, qu’elle participe aux élections, et si elle est élue, qu’elle assume la responsabilité de sa gouvernance
La centrale ouvrière représente avec le patronat tunisien les institutions socioprofessionnelles les plus importantes en Tunisie depuis l’indépendance. Avec l’élection du nouveau bureau présidé par Noureddine Tabboubi, les attentes sont grandes pour que la centrale ouvrière devienne moins rigide et prenne en compte le contexte difficile par lequel passe le pays.
La rédaction