“Irresponsable” et “inacceptable”, c’est par ces termes que Slim Khalbous, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a qualifié la grève administrative observée par l’Union des enseignants universitaires et chercheurs tunisiens (Ijaba) qui réclame le respect de la grille salariale dans la fonction publique.
De ce fait, Khalbous a décidé que les jours de grève seront prélevés sur les salaires des enseignants grévistes. “Nous avons été très patients. Cela fait un mois que cette crise perdure. Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans l’obligation d’appliquer la loi”, a-t-il souligné en réponse à Ijaba qui a menacé, dans un communiqué publié dans la soirée du lundi 5 février, de décréter une année blanche en cas de “prélèvement arbitraire”.
“Appliquer la loi ne relève pas de l’agressivité mais plutôt du respect de l’Etat de droit qui est un droit fondamental dans la Constitution d’autant plus qu’un agent de la fonction publique ne peut pas se permettre de faire ce que bon lui semble”, a-t-il insisté.
“Cette grève sauvage, qui n’a touché que 30 établissements sur 200, est considérée comme illégale car elle est illimitée dans le temps”, a-t-il souligné, ajoutant que ce qui dérange aussi dans cette affaire, c’est le fait de s’abstenir de remettre les notes et les sujets des examens aux étudiants.
“Il est inadmissible de prendre en otage les étudiants. Ce n’est pas de cette façon qu’on va attirer l’attention sur la situation de l’enseignant universitaire. Cela n’a pas de sens”, s’est insurgé le ministre.
Khalbous a tenu, par ailleurs, à démentir les informations selon lesquelles la grille salariale dans la fonction publique n’est pas respectée, expliquant que la loi de l’enseignement supérieur de 2009 qui fait référence à celle de 2008 ne prévoit pas une grille salariale mais plutôt une grille de compétence qui définit le doctorat comme le diplôme le plus élevé.
Et d’ajouter: “Les enseignants universitaires ont réclamé une augmentation salariale au même titre que les magistrats, or ces derniers n’ont pu bénéficier de ces augmentations que dans le cadre d’une loi exceptionnelle”.
Cette loi, a-t-il dit, concerne seulement trois catégories, à savoir l’armée, les forces intérieures et les magistrats, précisant que les enseignants universitaires dépendent, eux, du statut général de la fonction publique.
“Je ne suis pas habilité à discuter des majorations salariales”, a-t-il souligné, précisant que cela relève des prérogatives du gouvernement dans le cadre des négociations avec les partenaires sociaux.
Toutefois, Khalbous affirme avoir proposé de mettre la question des augmentations salariales des enseignants universitaires sur la table des négociations dans le cadre de la commission 5+5.
“Aujourd’hui, la Fédération générale de l’enseignement supérieur relevant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui est le syndicat majoritaire demeure notre partenaire dans les négociations”, a affirmé le ministre, regrettant l’inflexibilité dès le début de Ijaba.
Il a, dans ce contexte, appelé ce syndicat à penser à intérêt de l’étudiant et à l’année universitaire, déclarant que “le fait de parvenir à inscrire les majorations salariales à ordre du jour des prochaines négociations sociales est un acquis”.
En grève administrative depuis le 2 janvier dernier, l’Union des enseignants universitaires et chercheurs tunisiens réclame principalement le respect de la grille salariale dans la fonction publique et leur droit aux majorations salariales. Les affiliés de ce syndicat observeront mercredi 7 février un sit-in devant le siège de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) afin d’inciter les députés à prendre en charge ce dossier.