Des ministres et des secrétaires d’Etat ont été dépêchés, samedi, dans les divers gouvernorats du pays pour y installer des Commissions régionales de l’investissement (CRI).
Leur mise en place s’inscrit dans le cadre de la promotion de l’investissement dans les régions, la concrétisation des dispositions de la Nouvelle loi sur l’investissement, la réalisation d’un développement régional intégré et équilibré et la décentralisation du processus de prise de décision dans l’ultime objectif d’accélérer la réalisation de projets dans les régions.
Les Commissions régionales de l’investissement ou des conseils régionaux de l’investissement sont des groupes de travail présidés par les gouverneurs des régions et dont les membres sont des opérateurs économiques des secteurs publics et privés, des responsables municipaux et des députés de la même région.
Ils doivent se réunir, le premier jeudi de chaque mois, pour discuter des difficultés rencontrées par les opérateurs et porteurs d’idées de projets et, partant, aider à résoudre les problèmes rencontrés, faciliter les procédures administratives aux investisseurs et promoteurs pour débloquer certaines situations et accélérer la réalisation de projets.
“Il s’agit d’un premier pas sur la voie de mise en place d’une stratégie régionale de promotion de l’investissement privé dans le cadre d’une approche sectorielle qui prend en considération les spécificités de chaque région”
Le ministre des Technologies de la communication et de l’Economie numérique, Mohamed Anouar Maârouf, qui s’est déplacé, samedi, à Medenine pour présider l’installation de la CRI, est allé jusqu’à dire que cette structure sera comme “la voix de la région. Elle aidera à mettre en place une carte cohérente de l’investissement qui permet d’orienter les investisseurs vers la région en mettant en exergue le potentiel de chaque région”.
“La situation actuelle de la décentralisation en Tunisie montre que le système politico-administratif est très centralisé, avec des orientations pour la déconcentration au dépend de la décentralisation”, selon une étude menée par le Centre libanais des études politiques (LCPS) sur “la décentralisation, la démocratisation et la fourniture de services dans le monde arabe”.
“Pendant des décennies, les pratiques ont amplifié le caractère centralisé. La situation actuelle d’après la révolution se caractérise par le même contexte réglementaire et institutionnel, mais on assiste à des évolutions nettes dans les rapports entre acteurs et des changements dans le mode de gouvernance”, note la même étude.
Il en ressort également que “l’orientation vers la décentralisation se traduira par des enjeux important en termes de services urbains. L’intercommunalité et le partenariat avec le secteur privé semblent être des pistes sérieuses dans l’avenir. A terme, les logiques d’action des opérateurs de service en réseau devront être repensées dans une perspective plus régionalisée et prenant mieux en compte les demandes municipales”.
Selon ce rapport, au-delà des questions techniques et financières, l’animation des territoires, la conduite des processus participatifs et la conduite des partenariats locaux (public/public, public/privé) appellent des savoir faire que peu de professionnels et personnels de l’administration développent. La réactivité du système de formation universitaire et celui de la formation du personnel de l’administration seront un facteur important dans la mise en œuvre du processus de décentralisation.
La création des commissions régionales d’investissement vient aussi concrétiser les mesures prises par le gouvernement pour atténuer les disparités régionales en matière de développement.
Selon le document d’orientation du plan de développement quinquennal 2016-2020, ces disparités qui persistent sont le résultat de politiques de développement appliquées durant les dernières décennies et basées sur une approche de centralisation, qui ne prend pas en considération les spécificités régionales et ne favorisent pas une exploitation des richesses de chaque région.
L’indice de développement régional de 2015, qui reflète le niveau de croissance dans les différents gouvernorats du pays, en se référant à quatre critères (conditions de vie, indicateurs sociaux et démographiques, capital humain, et indicateurs économiques), a fait ressortir d’importantes disparités entre les gouvernorats de l’intérieur et les gouvernorats côtiers.
Selon cet indice, les gouvernorats de Tunis, Ariana, Monastir, Ben Arous et Sousse figurent en tête de liste, alors que ceux du Kef, Sidi Bouzid, Siliana, Kairouan, Kasserine et Jendouba sont en bas du classement.
En effet, la nouvelle constitution de la Tunisie, comprend des articles qui vont dans un sens positif en matière de responsabilité réelle des élus locaux et dans le sens d’une meilleure disposition des moyens financiers nécessaires à la prise en compte du développement local.
Ces commissions régionales de l’Investissement, seraient-elles, ainsi, les premières pierres à poser à l’édifice d’une véritable décentralisation?