Après la vive polémique déclenchée par un passage d’un article du journal Le Monde sur “l’envoi par la Tunisie de petits cadeaux” (dattes et huile d’olive)” à des élus européens, le ministère tunisien des Affaires étrangères a vivement démenti cette information
Le ministère des Affaires étrangères a catégoriquement démenti samedi la distribution par la Tunisie de cadeaux aux eurodéputés dans l’intention de bénéficier de leur appui et de les inciter à voter contre la décision de la Commission de l’Union européenne (UE) d’ajouter la Tunisie sur la liste des pays tiers à haut risque de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme.
Les allégations du journal Le Monde sont dépourvues de tout fondement
Dans un article publié le 8 février 2018 et actualisé le 10 du même mois, le journal français “Le Monde” a estimé que “Les arguments déployés (par la Tunisie pour ne pas l’inclure sur cette liste noire) -nécessité d’épargner une “démocratie naissante”, petits cadeaux (dattes et huile d’olive) envoyés à des élus- n’ont pas suffi à renverser la vapeur”.
“Ces allégations sont dépourvues de tout fondement”, a assuré à l’agence TAP une source auprès du ministère des Affaires étrangères.
“Le ministère des Affaires étrangères est fort étonné de voir le journal “Le Monde” tenter de déprécier les efforts soutenus déployés par la Tunisie et pis encore de remettre en cause l’intégrité des eurodéputés qui ont voté, le 7 février 2018, en faveur de la motion rejetant l’inclusion de la Tunisie dans la liste des pays tiers à haut risque de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme”, a-t-il indiqué.
Ces pratiques soulèvent plusieurs interrogations sur les desseins et les motifs réels de la diffusion de telles informations
“Il s’agit là du même journal qui a longtemps prétendu avoir pour crédo la crédibilité et le professionnalisme et détenir la vérité absolue”, a-t-il ajouté.
Selon la même source diplomatique, “le ministère des Affaires étrangères est aussi surpris de voir certaines parties tunisiennes instrumentaliser cette information erronée en l’attribuant au ministère des Affaires étrangères sans pour autant vérifier sa véracité”.
“Ces pratiques soulèvent plusieurs interrogations sur les desseins et les motifs réels de la diffusion de telles informations qui nuisent à l’image de la Tunisie en cette conjoncture qui requiert la conjugaison des efforts de tous”, a-t-elle encore souligné.
“Le vote de 357 eurodéputés en faveur de cette motion est motivé par une profonde conviction que la Tunisie a besoin d’un appui européen à la hauteur des avancées qu’elle a réalisées en matière de transition et de son expérience démocratique inédite”, a-t-elle ajouté.
En l’absence d’un système d’évaluation européen, l’adoption “automatique” par la Commission européenne du rapport du GAFI/MENA semble être une décision abusive pour la Tunisie
Ce vote, a-t-elle encore expliqué, intervient aussi en réponse aux efforts politiques et diplomatiques déployés par la Tunisie pour convaincre les différentes sphères de la décision européenne quant à la nécessité de retirer la Tunisie de cette liste noire.
Les 357 eurodéputés qui voté en faveur de la Tunisie avaient estimé qu’en l’absence d’un système d’évaluation financière européen, l’adoption “automatique” par la Commission européenne du rapport du Groupe d’action financière pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord en (GAFI/MENA) semble être une décision abusive pour la Tunisie, dans la mesure où elle n’a pas pris en considération son processus transitoire et ses engagements à améliorer avant fin 2018 son système financier pour lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.
Depuis l’adoption, le 13 décembre 2017, par la Commission européenne de la motion relative aux pays tiers à haut risque de blanchiment d’argent et de financier du terrorisme, le ministère des Affaires étrangères avait entrepris des actions diplomatiques à plusieurs échelles pour mener au rejet de cette motion.
“Cette décision est injuste, hâtive et unilatérale”
Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères avait eu une série d’entretiens avec les ambassadeurs et les représentants de tous les pays membres de l’Union européenne accrédités à Tunis. Cinq visites gouvernementales ont été également effectuées à Bruxelles et Strasbourg.
Au cours de ces rencontres, la partie tunisienne a exprimé sa profonde inquiétude face aux retombées négatives de cette classification sur l’économie nationale ainsi que sur l’avenir des relations tuniso-européennes.
La Tunisie avait déploré, le 7 février 2018 la décision de la Commission de l’Union européenne de l’ajouter sur la liste des pays tiers à haut risque de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme.
“Cette décision est injuste, hâtive et unilatérale”, a estimé la Tunisie dans un communiqué rendu public par le ministère des Affaires étrangères. La démarche entreprise par la Commission européenne pour la prise de cette décision était “injuste et précipitée “, a regretté la Tunisie.
Les députés avaient estimé que l’ajout de la Tunisie n’est pas mérité dans la mesure où elle représente une démocratie naissante qui a besoin de soutien.
La Tunisie et deux autres pays, en l’occurrence le Sri Lanka et Trinité-et-Tobago, ont été ajoutés sur la liste noire des Etats susceptibles d’être fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme, selon un communiqué publié, le 7 février 2018, sur le site du Parlement Européen.
Malgré une vive opposition, la Tunisie a été ajoutée à cette liste noire. Le vote a reflété la division du Parlement européen sur cette question avec 357 voix en faveur de la motion de rejet de la nouvelle liste, à 283 voix contre, et 26 abstentions, d’après le même communiqué.
Les députés qui ont déposé la motion ont concentré leur opposition sur l’inclusion de la Tunisie. Ils avaient estimé que l’ajout de la Tunisie n’est pas mérité dans la mesure où elle représente une démocratie naissante qui a besoin de soutien.