Le classement en tant que paradis fiscal et pays exposé au blanchiment de capitaux n’est rien devant les risques futurs.
Les deux dernières décisions de l’Union européenne de classer la Tunisie sur des listes noires, paradis fiscaux et pays fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme, doivent être considérées comme des alertes importantes qui, à mon avis, doivent inciter tous les acteurs et les pouvoirs en place, et à leur tête le gouvernement et l’Assemblée des représentants du peuple, à agir rapidement et efficacement.
Ces deux classements ont mis à jour un dysfonctionnement flagrant des rouages de l’Etat.
En effet, malgré les différentes alertes voire courriers et messages transmis par différentes parties européennes et tunisiennes, notre réaction, celle de la Tunisie, a été lente, voire absente.
ces deux classements ne sont pas un épiphénomène mais sont aussi et surtout la face apparente de l’iceberg et que ce qui nous attend, la face cachée de l’iceberg, risque d’être pire
Trop de temps écoulé avant de réagir, des réponses qui ne partaient pas en temps voulu…
A quoi et à qui est dû ce manque de réactivité ?
Une administration qui ne répond pas ?
Un pouvoir politique qui ne la sollicite pas assez, n’assure pas le suivi nécessaire ou n’apporte pas l’appui politique requis ?
Sûrement un peu de tout.
Il est aussi certain que cela est la conséquence de plusieurs phénomènes observés au cours des dernières années : relâchement à tous les niveaux, concurrence néfaste entre et au sein des ministères, politisation de l’administration, etc.
Cependant, il faut surtout en tirer les leçons et considérer que ces deux classements ne sont pas un épiphénomène mais sont aussi et surtout la face apparente de l’iceberg et que ce qui nous attend, la face cachée de l’iceberg, risque d’être pire.
Parmi les dangers les plus imminents est l’entrée en vigueur du nouveau règlement européen sur la protection des données, RGDP, le 25 mai 2018
Il serait donc opportun que gouvernement, ARP, administration, société civile et autres parties prenantes se mobilisent pour identifier les autres risques dont certains sont imminents afin qu’on ne «découvre» pas cela quand il sera trop tard et qu’on ne vienne pas dire que “personne ne nous aime” et que “cela est fait contre nous par des lobbies qui ne veulent pas que la Tunisie réussisse”.
Parmi les dangers les plus imminents est l’entrée en vigueur du nouveau règlement européen sur la protection des données, RGDP, le 25 mai 2018 et qui risque de geler les activités de nombre d’entreprises tunisiennes avec l’Europe et cela toutes les entreprises appelées à traiter des données personnelles, pas que celles du secteur TIC ou de l’Offshoring, mais toutes les entreprises de toute activité y compris les compagnies aériennes ou maritimes, les cliniques, les banques, etc.
Cela nécessite une mise à niveau de textes et des réglementations tunisiennes y compris un texte de loi, ainsi qu’un travail de fond au sein des entreprises qui, s’il n’est pas rapidement fait, risque de pénaliser fortement l’économie tunisienne car cela n’entravera pas l’arrivée de nouveaux investisseurs, mais bloquera l’activité de nombre d’entreprises existantes.