Le président de la Commission tunisienne des analyses financières (CTAF), Chedli Ayari, par ailleurs gouvernement de la Banque centrale de Tunisie, a déclaré que 50 ou 60 correspondances ont été envoyées par la CTAF au gouvernement pour l’avertir d’éventuels classements de la Tunisie dans plusieurs domaines, dont les classements de commissions financières internationales alors que les membres de la commission soulignent que “la Tunisie dispose de plusieurs législations relatives au blanchiment d’argent mais leur application laisse à désirer”.
Ayari a reconnu, au cours d’une séance d’audition, organisée, mercredi 14 février, par la Commission des finances, de la planification et du développement à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), que la Tunisie avait des craintes concernant la réunion de l’Argentine (novembre 2017) et que la Commission a obtenu l’engagement du gouvernement à engager les actions nécessaires. Et d’ajouter qu’une réunion avec le chef du gouvernement a permis la répartition des mesures demandées aux ministres concernés afin de commencer à travailler pour la concrétisation des engagements.
Le Parlement européen a classé la Tunisie, le 7 février 2018, sur la liste des pays susceptibles d’être fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme, avec 357 voix en faveur de la motion de rejet de la nouvelle liste, 283 voix contre et 26 abstentions.
Ayari a déclaré que le classement de la Tunisie par le Parlement européen n’était pas attendue, d’autant plus que la question avait été confiée à des organisations internationales et n’a pas de lien avec l’Union européenne (UE). Il a avancé que l’UE n’a pas tenu compte de l’évaluation du GAFI (Groupe d’action financière), qui a placé la Tunisie dans la catégorie dite des “pays sous surveillance”, qui désigne les pays qui sont en train d’améliorer leur dispositif et ont des engagements fermes, dans ce sens.
Il a mis l’accent sur des correspondances des parlementaires européens qui dénonçant “cette intervention violente et arbitraire de leurs collègues dans l’évaluation de la Tunisie en considérant que le classement de la Tunisie n’était pas programmé”, ajoutant que les responsables internationaux n’ont pas soulevé cette question et ont été surpris par ce classement, parmi lesquels Patrice Bergamini, ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Tunisie qui avait déclaré que “ce classement n’est pas une sanction de la Tunisie”.
Chedly Ayari a fait savoir que la sortie de la Tunisie sur le marché financier international au mois de mars ou avril 2018 sera plus difficile, mais ce classement de la Tunisie sur la liste noire n’aura pas d’impact important.
“Si la Tunisie n’arrivera pas à mobiliser des fonds sur le marché financier, cela est le résultat de mauvaises politiques économiques”, a-t-il encore dit.
Ayari a souligné que le gouvernement tunisien s’est engagé à faire sortir le pays de cette liste noire et à trouver la solution à cette question.
Les experts de la CTAF ont affirmé que la Tunisie a respecté 26 critères sur un total de 40 exigés par le Groupe d’action financière “GAFI” au cours de la dernière évaluation du pays.
Ils ont ajouté que la Tunisie a été classée dans des rangs plus avancés que les pays européens et arabes, mais le système législatif du pays manque d’efficacité.
L’expert de la CTAF, Chakib Adib, a souligné que la Tunisie n’a pas réellement appliqué ces conditions, alors que les institutions d’évaluation les considérent importantes dans la classification des pays.
Le secrétaire général de la CTAF, Lotfi Hachicha, a fait savoir qu’il n’y avait pas de relation entre la commission et l’UE.
Et d’ajouter que la commission a des liens directs avec le GAFI et que le dernier classement de la Tunisie a été établi en fonction de l’ancienne loi sans tenir compte du progrès législatif du pays.
Hachicha a indiqué que le GAFI a salué les progrès de la Tunisie dans ce domaine précisant: “Nous travaillons dans un système (lois, la législation), considéré comme la responsabilité de toutes les parties intervenantes (le pôle judiciaire et financier, les structures de contrôle et les professions non financières).
Il a également appelé à l’organisation du registre du commerce pour assurer une plus grande transparence et des professions non financières. Il a également recommandé de renforcer la coopération avec les experts et les comptables et de déclarer tout soupçon, outre le gel des avoirs des terroristes.
Hachicha a mis l’accent sur la nécessité de consolider les ressources de la commission tunisienne des analyses financières (19 cadres), soulignant que la commission a récemment, annoncé, l’organisation d’un concours pour recruter des spécialistes.
L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) tiendra une séance plénière, jeudi, pour approuver la décision de limogeage du Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Chedly Ayari et une autre séance sera tenue, jeudi après-midi, pour adopter la nomination du nouveau gouverneur de la BCT (Marouane Abassi).