La marge de manœuvre du nouveau gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) reste “très réduite”, d’autant plus que le statut de cette institution, qui a mis en place les bases d’une politique de change très souple, est l’œuvre des programmes du Fonds monétaire international (FMI) et l’accord sur le mécanisme élargi de crédit, estime l’universitaire Ridha Chkondali.
Les problèmes de l’économie tunisienne se sont aggravés, depuis l’entrée en vigueur du statut de la Banque centrale de Tunisie qui a limité les champs d’intervention de la BCT sur le marché de change, indique l’économiste. “En matière de change, le principe d’indépendance des Banques centrales reste valable dans des pays stables et non pas dans les pays en phase de transition”, souligne-t-il.
Selon lui, la baisse du taux de change du dinar tunisien aura des impacts sur deux chapitres du budget de l’Etat, le paiement des dettes extérieures et la hausse des subventions destinées à l’importation de certains produits (blé tendre).
Actuellement, la BCT adopte une politique monétaire prudente, explique Chkondali, mettant l’accent sur l’importance de l’intervention de la BCT sur le marché pour ajuster la politique monétaire afin de mettre fin à l’inflation au lieu d’augmenter le taux d’intérêt sur le marché monétaire, qui a conduit à la hausse des prix.
Chkondali appelle le gouvernement et la Banque centrale à adopter une politique combinant les volets monétaire et fiscal, à réviser la souplesse de la politique de change, d’autant plus que le gouvernement avait imposé des taxes et des impôts pour mobiliser les financements nécessaires en 2018.
Sur un autre volet, l’économiste assure que le manque de coordination entre le gouvernement et la BCT explique en partie le classement de la Tunisie par le Parlement européen sur la liste des pays les plus exposés au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme.
De ce fait, le nouveau gouverneur ne devra pas recourir au flottement du dinar qui a conduit notamment à la hausse des prix, conseille-t-il.