Une évidence : la récente visite officielle du président français en Tunisie, Emmanuel Macron, et les accords multidisciplinaires signés à cette occasion viennent consacrer de manière éloquente le retour en force de la France en Tunisie.
Parmi les accords qui ont une signification stratégique, figurent ceux qui projettent de renforcer l’enseignement du français à tous les niveaux en Tunisie.
Empressons-nous de signaler tout de suite que le français, bien qu’il soit la 4ème langue du monde, demeure une langue de travail, d’employabilité et de conquête d’un marché de 370 millions personnes (pays francophones dont ceux de l’Afrique subsaharienne).
En bon communicateur, l’ambassadeur de France en Tunisie, Olivier Poivre d’Arvor, soucieux de valoriser, à chaud, le succès de cette visite, a invité la presse à un petit déjeuner-débat pour donner de plus amples éclairages, certes sur les accords conclus et les messages annoncés, mais surtout sur la volonté de la France de renforcer la francophonie en Tunisie.
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L’UFTAM sera mobile
Point d’orgue de cette volonté, la création d’une université franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée (UFTAM). Selon le diplomate, cette nouvelle université, qui recevra ses premiers étudiants en 2019, sera une société anonyme financée en partenariat entre public et privé. Elle assurera une double formation en partenariat entre des universités tunisiennes et des universités françaises (El Manar, Sfax, Sousse…, Sorbonne, Dauphine…). Et pour ne rien oublier, cette université se distinguera par sa mobilité à travers tout le pays.
Au plan de la formation de formateurs en langue française, la France, qui accueille 13.000 étudiants tunisiens, a décidé de former 12.000 instituteurs et professeurs de français pour un coût global de 4,5 MDT.
Au niveau de la logistique, les privés des deux pays seront encouragés à créer des écoles françaises là où il y a une demande. Le diplomate a annoncé la création de nouveaux établissements à Tunis, Sfax, Sousse, Bizerte, Djerba. L’objectif est de faire passer, d’ici une dizaine d’années, le nombre d’élèves qui étudient dans des établissements scolaires français de 10.000 actuellement à 20.000.
Pour le grand public, six alliances (centres culturels français) seront créées dans six chefs-lieux de gouvernorats : Gafsa, Kairouan, Bizerte, Djerba, Sfax. La sixième à Tunis a été inaugurée par le président Emmanuel Macron lors de sa visite en Tunisie.
Création de cinq nouveaux centres culturels français
Ces Alliances, qualifiées par l’ambassadeur de France de “points de contact avec la société civile”, proposent une offre de cours variée adaptée au niveau et aux besoins de chaque apprenant : enfants, étudiants, professionnels ou personnes ayant des objectifs précis d’apprentissage. A cette fin, elles disposent d’outils pédagogiques modernes permettant de proposer un apprentissage dynamique basé sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Le coût de chaque alliance est estimé à 500.000 dinars.
A l’horizon, il s’agit d’une aubaine pour les médias francophones qui souffrent de la pénurie de francophones dans le pays.
Par ailleurs, la France fera bénéficier la Tunisie de son expertise dite “formation 42” ou “Ecole 42”. Il s’agit d’une formation de deuxième chance fondée sur la débrouillardise technologique et la création de start-up. Cette formation a donné de bons résultats en France et aux Etats-Unis.
Au final, nous pouvons dire que la France, qui n’a pas vu venir le soulèvement du 14 janvier 2011 en Tunisie, France qui a commis la grosse erreur de soutenir l’islam politique durant la période de la Troïka, qui a essuyé, en contrepartie de ce soutien, plusieurs revers (des attentats meurtriers de djihadistes), est revenue, enfin, à son bon sens, celui de co-construire avec les Tunisiens un partenariat stratégique win win et de soutenir la bonne cause tunisienne, en l’occurrence l’aspiration au développement du pays et son ouverture sur le monde.