“Les pays méditerranéens, dont la Tunisie, sont appelés à adapter leurs politiques en matière de gestion des ressources en eau afin de faire face aux crises de l’eau actuelles ou à avenir”, révèle une étude réalisée par le Centre des études méditerranéennes et internationales (CEMI) en collaboration avec la fondation allemande Konrad-Adenauer.
Selon les auteurs de cette étude, intitulée “la Méditerranée face à la raréfaction des ressources en eau”, l’adaptation peut aller jusqu’au recours accru aux sources d’approvisionnement non conventionnelles comme la réutilisation des eaux usées urbaines et des eaux de drainage, le développement du dessalement des eaux de mer ou continentales saumâtres.
“La hausse de la demande liée à la croissance démographique en région méditerranéenne (627 millions d’habitants à l’horizon 2050) et l’augmentation de la demande moyenne par habitant (600 m3/an en 2010 contre 666 prévues en 2025), et à l’urbanisation, accentue les risques”, souligne le chercheur Jean Marget, un des auteurs de l’étude.
“Les crises de l’eau probables en région méditerranéenne ne seront pas imputables seulement aux effets du changement climatique sur les ressources renouvelables naturelles en eaux, mais elles sont dues à la pression croissante des demandes en eau liée à l’augmentation de la population permanente et saisonnière et au développement économique”, a-t-il encore indiqué.
Il a, dans le même contexte, mis l’accent sur la nécessité de recourir à des sources d’approvisionnement en eau non durables et de mobiliser des ressources naturelles irrégulières par barrages-réservoirs pour réduire l’envasement, l’évaporation et la fragilité des ressources en eau transfrontalières.
Pour faire face à la raréfaction de l’eau, le chercheur recommande également la réduction des pertes de transport dans les adductions et distributions d’eau potable ou d’irrigation et la gestion des demandes en eau plus économe pour toutes les utilisations.
Au chapitre des ressources en eau de la Tunisie, Yousra Ben Saleh, ingénieur à la Direction générale des ressources en eau au sein du ministère de l’Agriculture, explique que la surexploitation des ressources en eau souterraines, la pollution des ressources en eau (les cours d’eau et les nappes d’eau vulnérable), l’impact des changements climatiques et l’envasement des retenues des barrages, tout ceci constitue les principales problématiques auxquelles le pays devra faire face.
A l’horizon 2030-2050, la Tunisie vise à assurer un équilibre entre l’offre, matérialisé par la mobilisation et la demande, outre la garantie d’une sécurité hydrique dans les cas d’inondations ou de sécheresses.
Pour ce faire, le pays doit protéger ses ressources en eau contre tout type de pollution, renforcer la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation et la recharge artificielle de certaines nappes surexploitées éligibles.
La Tunisie doit lutter, également, contre l’exploitation illicite des ressources en eau de surface et souterraines par application du nouveau code des eaux et d’encourager le secteur privé à déployer des petites unités de dessalement et à même de sensibiliser les utilisateurs à l’importance de la préservation de la ressources en eau.