L’expert en développement humain, Fethi Ben Messaoud, met en garde contre l’absence de l’engagement politique pour assurer la poursuite des services de santé reproductive et sexuelle en Tunisie. Il s’exprimait lors d’une rencontre organisée par le groupe des anciens cadres de l’Office national de la famille et de la population sur l’accès des citoyens à la santé reproductive, samedi 17 courant.
Ben Messaoud estime que les centres de la santé reproductive relevant de l’Office national de la famille et de la population n’assurent plus leurs fonctions essentielles de distribution des moyens contraceptifs aux femmes, ce qui reflète l’absence de volonté politique d’assurer la pérennité du système de santé reproductive.
Selon lui, plusieurs femmes enceintes n’ont pas pu exercer leur droit à l’avortement dans ces centres en raison du refus des prestataires de services de le faire, indiquant que les caravanes de l’ONFP qui se déplaçaient dans les zones désenclavées étaient au nombre de 13 dans les années 70 du siècle dernier alors qu’elles ne sont plus que deux actuellement.
L’expert a fait savoir que l’organisation de cette rencontre vise à créer une cellule civile pour défendre le système de santé reproductive et sexuelle en Tunisie en partenariat avec les associations de la société civile dans le but de soutenir les efforts de l’ONFP dans la promotion de ce système.
De son côté, l’ex-expert en démographie auprès des Nations unies, Hafedh Chekir, a appelé à une mobilisation de la société civile pour promouvoir les programmes de la santé reproductive et garantir le droit de tous les Tunisiens de jouir pleinement de leurs droits reproductifs.
Pour sa part, Radhia Jerbi, présidente de l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT), a abondé dans le même sens, soulignant que les centres relevant de l’ONFP ne fournissent plus les moyens de contraception ce qui a poussé plusieurs femmes à avoir recours au secteur privé et à payer des sommes exorbitantes par rapport à leur pouvoir d’achat limité.
Elle a fait savoir que l’UNFT organisera dans les prochains jours des campagnes de sensibilisation pour prévenir les maladies sexuellement transmissibles et promouvoir le système de santé reproductive et sexuelle.
Lors de la rencontre, les participants ont indiqué qu’à partir de 2011, l’accès aux services a connu un fléchissement inquiétant dû essentiellement à l’absence d’un soutien et d’un engagement politique clairs et forts comme ce fut le cas au début du programme.
Pour étayer leurs dires, ils ont signalé la dissolution “inexplicable” du Conseil supérieur de la population dont le rôle était déterminant dans la mise en place des objectifs et du suivi du programme. Il s’en est suivi une démobilisation de cadres gestionnaires et prestataires compétents, volontaires et militants qui faisaient auparavant la fierté de l’ONFP, ont-ils estimé.
Les organisateurs de la rencontre estiment nécessaire de redonner au programme sa place au niveau national, régional et international, par un soutien volontaire et militant, appelant les citoyens et les ONG à interpeller les pouvoirs publics et les instances dirigeantes à sauvegarder les acquis, notamment par la garantie du droit inaliénable des citoyens à l’accès aux services de santé de la reproduction ainsi que la disponibilité et la gratuité des contraceptifs.