“L’école de la République est, actuellement, agonisante, nécessitant un volontarisme assuré pour la réinventer”, a estimé Hamadi Ben Jaballah, universitaire.
S’exprimant lors d’une rencontre-débat ayant pour thème “Changer d’école, changer de société : comment réinventer l’école de la République ?”, tenue samedi 24 février à Tunis, à l’initiative du Forum de l’académie politique, le Cercle Kheireddine et la Fondation Konrad Adenauer-Stiftung, Ben Jaballah a passé en revue les facteurs causant cette chute du système éducatif.
L’école de la République est agonisante
L’universitaire a critiqué, dans ce cadre, l’augmentation des taux d’échec scolaire et la propagation des phénomènes de violence et de consommation de stupéfiants face à des parents démissionnaires.
un système de mérite et promotion les lycées pilotes
Pour réinventer l’école de la république, Ben Jaballah a proposé de former l’homme citoyen, de multiplier, davantage les filières afin de les adapter aux compétences des jeunes, de moderniser l’université tunisienne, d’établir un système de mérite et de promouvoir les lycées pilotes. Outre son rôle pédagogique, l’éducation doit occuper, également, une position politique en initiant l’élève aux principes de la liberté, a-t-il encore estimé, confirmant qu’”éduquer l’Homme, c’est l’élever à la liberté : tel est la clé de voûte de tout système éducatif réussi”.
De son côté, Mohamed El Aziz Ben Achour, ancien DG de l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (ALECSO), a fait savoir que l’école de la République se fonde sur plusieurs principes dont l’amélioration de la qualité de l’éducation, le développement des capacités cognitives de l’enfant, l’usage des technologies de l’information dans l’éducation, la mise à niveau du personnel enseignant, l’évaluation périodique des recherches et l’enracinement de l’esprit de l’initiative.
Ben Achour a évoqué à ce propos l’importance du renforcement de l’enseignement général par un enseignement professionnel, appelant à la mise en place de passerelles entre formation professionnelle, éducation et enseignement supérieur.
Il a insisté, aussi, sur l’impératif de privilégier la diffusion, au sein de l’école, d’une culture de civisme et de modernisme.
Le co-fondateur et ancien président de l’association Cercle Kheireddine”, Mohamed Dachraoui, a précisé, pour sa part, que la réforme du système éducatif doit figurer en tant que priorité de la Tunisie.
Le système éducatif actuel souffre de multiples défaillances, à savoir les inégalités, la mauvaise formation des formateurs, les difficultés d’apprentissage et l’absence de vision politique, a-t-il déploré.
Et d’ajouter que “le système éducatif public tunisien a cessé d’être un facteur de développement”.
taux élevé de redoublement en milieu scolaire
Enumérant d’autres défaillances du système éducatif tunisien, Karim Ben Kahla, président actuel du Cercle Kheireddine, a évoqué les lacunes du système LMD (Licence-Master-Doctorat), soulignant la baisse du taux d’encadrement universitaire, le financement déséquilibré de l’enseignement en plus de la crise au niveau de la lecture et des mathématiques chez les élèves.
Ben Kahla a mis en exergue le taux élevé de redoublement en milieu scolaire, estimant que la probabilité de redoublement est plus forte pour les élèves issus de milieu défavorisé.
panne de l’ascenseur social
Le taux d’absentéisme des élèves a augmenté, a-t-il encore dit, de 20% à 30% entre 2012 et 2015. Un problème qui s’ajoute, d’après le président de l’association, notamment à une pénurie d’universitaires et une perte du plaisir d’enseigner.
Ces défaillances du système éducatif ont engendré “la panne de l’ascenseur social”, a-t-il déploré.
En marge de cette rencontre, un débat a eu lieu sur les principaux défis à relever pour promouvoir le système éducatif.